vendredi 16 mars 2012

Deux salariés sur trois téléphonent au volant


Deux salariés sur trois téléphonent au volant

Selon une étude, les conducteurs appellent très souvent leurs employeurs, et vice versa, sans se rendre compte du danger.

Aymeric RENOU | Publié le 15.03.2012, 08h52
Caler un rendez-vous, prévenir son supérieur d’un retard, discuter d’un dossier avec un collègue : dans huit cas sur dix,  la personne qui décroche ou utilise son téléphone ne prend pas la peine d’arrêter son véhicule.

Caler un rendez-vous, prévenir son supérieur d’un retard, discuter d’un dossier avec un collègue : dans huit cas sur dix, la personne qui décroche ou utilise son téléphone ne prend pas la peine d’arrêter son véhicule. | LP/UMBERTO DE OLIVEIRA.)

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Un coup de fil du patron, ça ne se loupe pas… même au volant! Une  Ifop pour l’association Promotion et suivi de la  en entreprise (PSRE), présentée ce matin à, mais dont nous avons pu prendre connaissance en avant-première, pointe les mauvaises habitudes des salariés amenés à conduire dans le cadre de leur travail. 
Ceux-ci sont en effet 63% à avouer passer des coups de fil professionnels au volant, contre seulement 34% de l’ensemble des automobilistes pour des conversations privées.

Sur la route, caler une réunion avec son « n + 1 », comme on dit dans les entreprises, vérifier un rendez-vous avec une secrétaire ou faire le point sur un contrat avec un collègue semblent irrémédiablement urgents et ne pas souffrir la moindre seconde de retard. Dans 8 cas sur 10, les salariés répondent au téléphone ou passent un appel tout en roulant, les seuls 20% restants prenant la peine de s’arrêter.

« L’une des surprises de cette étude est la persistance des idées fausses concernant la dangerosité supposée moindre de l’utilisation d’un kit mains libres ou d’une oreillette, s’inquiète Gérard Ploquin, délégué de l’association PSRE. Soixante-sept pour cent des employeurs et 58% des salariés déclarent que téléphoner à l’aide d’un kit mains libres réduit vraiment le risque. Il est pourtant établi, à travers diverses études, que la perte d’attention au volant est la même que le téléphone tenu en main. » Un rapport de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), publié l’an dernier, et qui reprend les principales études scientifiques mondiales, confirme que le risque d’accident découlant d’une conversation téléphonique est multiplié par 3 et que le kit mains libres et le mobile ordinaire « entraînent quasiment le même niveau de distraction, car ils accaparent l’attention du conducteur ».

Contrairement à ce qu’on pourrait croire — c’est l’une des autres surprises de l’étude —, les coups de fil aux clients, souvent considérés comme les plus importants et indispensables dans les métiers commerciaux notamment, ne sont pas les plus en cause. Dans 6 cas sur 10, les appels sont passés avec la propre entreprise du salarié. « Beaucoup l’ignorent mais, en cas d’accident grave, les relevés de communications des portables des personnes impliquées sont systématiquement examinés, poursuit Gérard Ploquin. L’employeur peut être jugé coresponsable de l’accident s’il est établi que le salarié était au téléphone avec sa société au moment du choc. »

L’association, qui rappelle que les accidents de la circulation arrivent en tête des causes d’accident du travail, souhaite désormais inciter les entreprises à établir des règles de conduite — 7 salariés sur 10 y seraient favorables — afin de restreindre l’usage du portable en voiture, quitte à aller au-delà des règles du Code de la route qui tolère toujours l’utilisation du kit mains libres.

* Etude Ifop pour PSRE réalisée en ligne du 13 au 24 janvier 2012 auprès d’un échantillon de 400 dirigeants de sociétés et de 1000 salariés d’entreprises publiques et privées.
Le Parisien