Les ministres des finances de la zone euro cherchent un accord définitif pour aider la Grèce
Nouvelle rencontre « décisive » pour la mise en œuvre des deux volets – privé et public – de l’aide à Athènes.
Le gouvernement grec a fait adopter les mesures réclamées par l’Europe.
Mais il faut aujourd’hui trouver de nouvelles ressources car la dégradation de la situation du pays rend insuffisants les 130 milliards promis par les États de la zone euro.
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La Grèce et ses partenaires européens entament lundi 20 février les dernières heures du compte à rebours pour éviter la faillite d’Athènes. Après plusieurs reports la semaine derrière, les ministres des Finances de la zone euro se retrouvent à Bruxelles pour tenter de s’accorder sur une deuxième aide au pays.
Les préparatifs techniques devaient se prolonger jusqu’à la dernière minute, par la rencontre dimanche dans la capitale belge des 17 directeurs des Trésors des État membre. Au menu, les deux volets interdépendants du deuxième plan d’aide à la Grèce, incontournable pour que le pays puisse rembourser près de 15 milliards d’euros de dette, le 20 mars prochain.
L’accord avec les créanciers privés du pays – destiné à effacer 50 % de l’ardoise d’Athènes à leur égard, et à rééchelonner le paiement des 100 milliards restants – semble sur la bonne voie, après des semaines de tractations et de rebondissements.
RAIDISSEMENTS ENVERS LA GRÈCE
L’enjeu du lundi 20 février semble surtout concerner le chapitre public de l’aide, à savoir les 130 milliards promis par les Européens dans l’accord des 26 et 27 octobre derniers. Pour le président de l’Eurogroupe, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker , il serait « sage, judicieux et recommandable qu’on se mette d’accord sur les contours » de ce programme lundi.
En dix jours, le gouvernement grec de coalition, dirigé par Lucas Papademos, a fait adopter toutes les nouvelles économies réclamées par ses partenaires européens, le dernier vote ayant eu lieu dans la nuit de samedi 18 à dimanche 19 février. Dans la matinée, ce dimanche, 1 500 personnes se sont rassemblées, selon la police, dans le centre d’Athènes pour protester contre ce nouveau tour de vis. Rien à voir, donc, avec les manifestations nombreuses et violentes du dimanche précédent.
Mais ces derniers jours ont été marqués par les raidissements envers la Grèce de certains membres de la zone euro, en particulier les Pays-Bas, qui ont évoqué sans détour une possible sortie d’Athènes de la zone euro.
L’ARGENT NE SERA PAS DISTRIBUÉ AVEUGLÉMENT
Certains pays ont aussi suggéré que la partie publique de l’aide ne soit débloquée qu’après les élections législatives d’avril en Grèce, afin de s’assurer que le parti vainqueur respectera les engagements pris avant le scrutin. Un scénario rejeté par plusieurs pays, dont la France, au motif que l’aide sera de toute façon déboursée par tranches, au vu des progrès réalisés par Athènes dans la mise en œuvre des réformes.
Les Européens devront par ailleurs s’entendre, lundi, sur le moyen d’augmenter de 5,5 milliards d’euros supplémentaires, au bas mot, le montant de cette aide, selon un diplomate. En raison de la dégradation de la situation grecque depuis fin octobre, le plan du 27 octobre permettra de réduire la dette à 129 % du PIB grec, alors que l’objectif initial était de 120 %.
Pour aider à respecter cet objectif, la Banque centrale européenne (BCE) aurait accepté de mettre la main au portefeuille, d’après plusieurs sources, et les États membres pourraient aussi accepter d’allonger un peu leur participation. Certains ont aussi suggéré de demander une petite contribution supplémentaire du privé – au risque, selon les opposants à cette solution, de faire écrouler le dispositif péniblement mis sur pied avec le lobby bancaire international, l’Institut de la finance internationale.
Une chose est sûre : l’argent ne sera pas distribué aveuglément. La zone euro serait en train de finaliser la création d’un compte bloqué sur lequel sera versée une partie des fonds prêtés à la Grèce, afin qu’ils servent en priorité au remboursement de la dette publique. Athènes y a vu une forme de mise sous tutelle lorsque ce mécanisme a été pour la première fois évoqué, mais semble finalement l’avoir accepté, bon gré mal gré.
« NOUS SOMMES PRUDEMMENT OPTIMISTES »
Un accord global est-il enfin possible lundi à Bruxelles ? Les déclarations de confiance et d’apaisement se sont multipliées depuis jeudi 16 février. Jean-Claude Juncker a déclaré que « les éléments étaient sur la table pour une décision lundi ». Vendredi, à la suite d’une conversation téléphonique entre le chef du gouvernement italien Mario Monti , la chancelière allemande Angela Merkel et le premier ministre grec Lucas Papademos, tous trois ont exprimé leur espoir de parvenir lundi à un accord. Le président français Nicolas Sarkozy a lui aussi « exprimé sa confiance qu’un accord sur un nouveau programme grec soit conclu dans les tout prochains jours, ouvrant la voie à une réduction substantielle de la dette grecque » .
« Nous sommes prudemment optimistes, précisait ce week-end un diplomate. L’Allemagne ne peut pas prendre la responsabilité d’une faillite de la Grèce et les Pays-Bas ne pourront pas rester isolés sur une ligne dure. »
Reste que cette aide ne permettra pas de stimuler la croissance dans le pays, qui entre dans sa cinquième année de récession et dont l’activité est étouffée par l’accumulation des plans de rigueur. Le chômage touche désormais 20 % de la population.
Pour Patrick Artus, directeur de la recherche économique chez Natixis, l’empilement de telles mesures dans le pays « n’a aucun sens » désormais. Il préconise donc « d’effacer totalement la dette grecque et de consacrer l’aide européenne à développer le pays ». Un scénario qui pour le moment n’est pas entendu. Lundi, les Européens vont une nouvelle fois gagner du temps.