BRUXELLES — Les ministres des Finances de la zone euro espèrent avancer lundi vers un accord sur la réduction de la dette grecque et peaufiner leur arsenal anti-crise, alors que le FMI demande une réponse plus vigoureuse pour éviter une contagion qui "risque d'engloutir le monde entier".
En déplacement en Allemagne, la directrice du Fonds monétaire international Christine Lagarde a appelé lundi la zone euro à se doter d'un "pare-feu plus vaste" et d'emprunts obligataires communs, deux solutions rejetées par Berlin.
Augmenter la taille du futur Fonds de secours permanent de la zone euro, le MES, "serait d'un grand secours", a-t-elle estimé.
Ce mécanisme, appelé à prendre la place du dispositif de soutien temporaire (FESF), verra le jour en juillet et disposera d'une capacité de prêts de 500 milliards d'euros.
Un montant jugé insuffisant par la directrice du FMI pour empêcher une "crise de solvabilité" en Espagne et en Italie, deux pays touchés de plein fouet par la crise de la dette et qui vont entrer en récession cette année.
Décidée à ne pas laisser la zone euro relâcher ses efforts, Mme Lagarde a plaidé pour la mise en place d'euro-obligations qui "aiderait à convaincre les marchés de la viabilité future de l'union économique et monétaire".
Malgré plusieurs émissions de dette qui se sont bien déroulées, laissant penser que le plus dur de la crise était passé, il reste une urgence pour la zone euro: trouver un accord sur l'effacement d'une partie de la dette grecque, détenue par des créanciers privés.
Athènes a besoin de cet argent afin de rembourser 14,4 milliards d'euros en mars et éviter la banqueroute. Des responsables grecs ont exprimé l'espoir lundi "que des pas sérieux en direction d'un accord" seront faits lors "de la réunion de l'Eurogroupe", qui a débuté vers 14H30 (13H30 GMT).
Mais les négociations peinent à être finalisées: le commissaire aux Affaires économiques Olli Rehn a laissé entendre qu'un accord serait trouvé au mieux, cette semaine. Allant dans le même sens, le ministre belge des Finances Steven Vanackere a estimé lundi après-midi qu'"il y a toujours l'espoir mais il ne faut pas non plus se fixer une date limite qui mène ensuite à des déceptions", en marge d'une réunion avec ses homologues de l'Union monétaire.
Après dix jours de négociations serrées, créanciers privés et publics du pays continuent de se livrer à un bras de fer.
Le négociateur du secteur privé, Charles Dallara, a prévenu dimanche que les banques et fonds d'investissement détenteurs de dette grecque avaient atteint la limite des pertes qu'ils peuvent supporter, renvoyant la balle aux créanciers institutionnels (BCE, UE et FMI) "pour choisir la direction".
Les négociations portent sur l'effacement de 100 milliards d'euros de dette grecque. De l'accord trouvé dépendra la mise en place d'un second plan d'aide à la Grèce de 130 milliards d'euros.
Mais les discussions traînent en longueur car les négociateurs grecs ont insisté pour que les pertes volontaires des banques soient plus importantes que prévu, au vu de la détérioration économique du pays.
Les créanciers privés doivent donc accepter de perdre plus de 50% sur les obligations grecques qu'ils possèdent. Le hiatus porte désormais sur le taux d'intérêt qui leur sera accordé pour leurs nouveaux titres de dette.
De son côté, la zone euro n'envisage pas d'augmenter ses prêts à la Grèce par rapport à ce qui est prévu.
La somme" de 130 milliards d'euros "est déjà suffisamment élevée pour ne pas sans arrêt remettre de l'argent au pot, les autres Etats membres arrivent aussi aux limites de leurs capacités", a prévenu le ministre luxembourgeois des Finances, Luc Frieden.
En plus de ce dossier brûlant, les ministres européens veulent avancer sur le pacte budgétaire pour renforcer leur discipline commune, qui doit être approuvé lors du sommet des dirigeants européens lundi prochain et signé début mars.
Ce traité qui a été voulu à tout prix par Berlin passe notamment par l'inscription d'une règle d'or sur le retour à l'équilibre des comptes publics.
Une réunion spéciale est prévue en début de soirée et doit étudier le projet sur la table, qui comporte encore plusieurs points litigieux.
Les sommets de la zone euro pourront-ils être ouverts à tous les pays ayant signé ce traité ? Le pacte budgétaire sanctionnera-t-il les dérapages d'un Etat concernant les seuls déficits ou également la dette ? Quel sera le rôle exact de la Cour européenne de justice ?