jeudi 23 février 2012

Pourquoi Sarkozy candidat impressionne toujours son camp


Pourquoi Sarkozy candidat impressionne toujours son camp

Le candidat-président parvient depuis une semaine à faire de l'ombre médiatique à François Hollande. Ses proches espèrent que ce contraste se traduira tôt ou tard dans les enquêtes d'opinion.
« Le maître du temps ». Si Nicolas Sarkozy n'a pas encore réussi à se réconcilier avec les Français, il est parvenu à de nouveau faire l'admiration de son camp. Une semaine après son entrée en campagne, les éloges se multiplient de la part de dirigeants de droite qui louent son talent pour « rythmer la campagne » selon l'objectif fixé par ses proches. « Il est le maître du temps », veut croire Guillaume Peltier, le secrétaire national UMP à l'opinion.  A en croire les propos enthousiastes d'après déjeuner de ses partisans mercredi, le message du chef de l'Etat a été reçu 5 sur 5. C'est tout sauf« chronique d'une défaite annoncée »", résume le député de la Drôme Hervé Mariton, pourtant peu suspect de flagornerie élyséenne. "On retrouve les grands moments de la campagne de 2007", s'enflamme son collègue du Nord Marc-Philippe Daubresse, "Ceux qui connaissent Sarkozy comme nous savent que quand il est en campagne il est quasiment imbattable".

Gonflés à bloc par la première semaine de leur candidat, les élus de la majorité tombent à bras raccourcis sur François Hollande. "Il a un programme de sous-secrétaire d'Etat aux Finances (...) tandis que nous, on va faire une proposition toutes les semaines", lance le député de Paris Bernard Debré, "quand Nicolas Sarkozy entre en campagne, ça dépote !" Hollande ? Tout simplement « un planqué » affirme Jean-François Copé qui loue le président stratège. .

Tirer la couverture à soi
 
Ca dépote ? Comme en 2007, Nicolas Sarkozy est persuadé qu'une campagne de 60 jours se fait à la télévision et à travers ce que les Français en rapportent, en famille ou entre amis. « Hollande a tout donné au Bourget alors que Nicolas veut créer une dynamique d'opinion, semaine après semaine, thème après thème. Une campagne, c'est un truc bien particulier que l'on a en tête ou pas », affirme un membre de l'équipe de campagne du chef de l'Etat. Premiers meetings pas trop nombreux avant la grand-messe du 11 mars à Villepinte, abandon maximal du protocole pour susciter la curiosité des Français, invitation de personnalités médiatiques comme Rachida Dati ou bientôt Claude Allègre pour créer le buzz auprès des journalistes, alternance de propositions sur le fond et de quelques confidences plus personnelles... La méthode sarkozyste pour tirer la couverture à soi reste toujours redoutable. Et si en temps normal d'un quinquennat cette surmédiatisation lasse, en campagne électorale, elle peut entraîner quelques mouvements dans l'opinion.

Cette semaine de sur-campagne a-t-elle fait bouger les sondages en faveur de Nicolas Sarkozy ? Les intentions de vote sont partagées depuis le 15 février. CSA a ainsi placé François Hollande à 28% (-2) d'intentions de vote au premier tour contre 27% (+1) à Nicolas Sarkozy. Mais Ipsos a jugé nul l'effet "candidature" en créditant le candidat socialiste de 35% des suffrages, largement devant son adversaire de l'UMP estimé à 25%. « Nous sommes dans une période sables mouvants, de plaques tectoniques en train de bouger. Dans ce contexte de trouble et de mouvement de l'opinion, on peut très bien donner un coup de sonde à un moment où les choses évoluent dans un sens...avant de rebasculer dans un autre », explique le politologue Roland Cayrol dans Le Parisien de jeudi.

Campagne désincarnée
« Si nous avons tous le même ordre d'arrivée des candidats, c'est vrai que nous avons des écarts importants pour le premier tour, c'est assez rare », confie un dirigeant d'institut de sondage. Reste que l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy a bien provoqué un début de rééquilibrage en sa faveur. Mais au second tour, son manque de réserves de voix reste très important et il est largement battu par son rival socialiste chez tous les instituts.

Aux mauvais sondages, le locataire de l'Elysée préfère les feux médiatiques, les ouvertures de JT ou les Unes de journaux. Objectif : saturer l'espace médiatique pour épuiser l'adversaire ou plutôt ses troupes tant François Hollande semble pour l'instant impassible devant cette blitzkrieg. Mais les troupes socialistes sont plus attentives aux éventuelles conséquences de cet activisme. Elles voient bien que leur champion ne pourra se contenter d'esquiver les coups et de répéter ses 60 propositions jusqu'au 22 avril au risque d'une campagne désincarnée type Jospin 2002. La position dangereuse du spectateur et non de l'acteur.


"Il va falloir s'adapter sans se renier sur une campagne calme », confie un proche de François Hollande. Le doute n'est pas installé dans le camp socialiste mais poser la question est déjà une première victoire pour le sarkozystes. « Pour un tel début de campagne, on aurait signé des deux mains », sourit un député copéiste qui espère un croisement des courbes Hollande-Sarkozy d'ici début mars. Si la bataille ne passionne pas les Français, le talent du Sarkozy candidat continue de faire causer. Et c'est déjà pour lui une première victoire.