Eva Joly n'en finit plus de creuser
Par Théophile Wateau, publié le 23/02/2012 à 15:54, mis à jour à 16:03
Quant on lui demande si elle pense à renoncer, Eva Joly répond:"Il ne faut jamais dire jamais, bien sûr. Mais abandonner serait faillir. C'est la seule chose que je n'ai pas le droit de faire".
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La campagne d'Eva Joly a toujours été chaotique, mais depuis le début de l'année le rythme des bourdes et des erreurs de com' s'accélère. Au point que la candidate pose elle-même la question de son maintien.
A chaque jour, ou presque, sa balle dans le pied. Depuis quelques semaines, Eva Joly semble en roue libre, multipliant les phrases malheureuses et les erreurs de com'.
Certes, en 2011, il y eut (déjà) des maladresses. Le 14 juillet, elle soumet ainsi l'idée de "supprimer" le défilé militaire, pour le remplacer par "un défilé citoyen". Tollé général. Mais, c'est surtout en 2012 que le rythme des erreurs s'est accéléré.
Le 5 janvier, la demande de désistement réciproque à Mélenchon et Bayrou.
Lors de ses voeux à la presse le 5 janvier, Eva Joly invite les deux candidats "à s'engager à un désistement réciproque pour celui ou celle d'entre nous qui sera qualifié à l'issue du premier tour". Plus de quatre mois avant le scrutin, cette proposition ne peut qu'obtenir une fin de non-recevoir.
Le 11 janvier, les jours fériés de l'Aïd et de Kippour
C'était lors de "La nuit de l'égalité", organisée le 11 janvier dernier à Paris. Ce soir-là, Eva Joly reprend une idée tirée d'un rapport du centriste Bernard Stasi paru en 2003: rendre fériés les jours des fêtes musulmanes et juives de l'Aïd-el-Kebir et Kippour. A l'UMP, Laurent Wauquiez s'y oppose dans ces termes:"On a une histoire qui est une histoire chrétienne qui aboutit à un certain nombre de jours fériés dans notre calendrier. Ca n'empêche pas d'avoir le plus grand respect pour toutes les religions." Au PS, Michel Sapin, dit "non". Eva Joly "devrait se souvenir du principe de laïcité" selon lui.
Le 28 janvier, l'appel au secours sur Canal+
Très bas dans les sondages, Eva Joly profite de son passage sur le plateau de Canal+, pour lancer un appel "à ceux qui m'aiment pour me soutenir maintenant".
Jusque-là, rien de plus normal, mais cela se gâte lorsqu'elle ajoute: "Et à ceux qui ne m'aiment pas, je leur dirais qu'il faut passer outre parce que l'enjeu est trop important". Ce SOS public est destructeur pour son image.
Le 7 février, "on va me donner le ministère des Sports"
Mardi 7 février, lors d'une rencontre avec des journalistes, Eva Joly ironise sur sa candidature: "Si je fais 2-3%, on va me donner le ministère de la Jeunesse et des Sports, et ça s'arrêtera là." La candidate d'EELV est bloquée à environ 3% des intentions de vote dans les sondages.
Le 11 février, le premier grand meeting sans surprise
Lors de son premier grand meeting à Roubaix, le 11 février, la candidate d'EELV n'a pas réussi à fendre l'armure et à se sortir d'un style considéré comme austère. Si elle revendique son style sans artifice, la fusée Joly a décidément un problème au décollage.
Le 20 février, le défaitisme
"Le réalisme impose que je ne crois plus que je puisse devenir présidente de la République", déclare la candidate d'Europe Ecologie-Les Verts au micro d'Europe 1 et d'iTélé. "Par contre, l'espace qui m'est ouvert pour porter nos idées est très important."
Le 21 février, le lapin en Seine-Saint-Denis
La candidate doit se rendre dans une crèche de Seine-Saint-Denis. Fatiguée par son émission sur TF1 la veille au soir, elle ne s'y rend pas et plante des Français et une dizaine de journalistes.
Le 22 février: "Je l'emmerde"
A la question de l'animateur de Canal+ Cyrille Eldin -"Et Corinne Lepage qui dit que vous désertez la promesse écologique, vous lui dites quoi à Corinne Lepage?"- Eva Joly répond sans aucune pincette: "Je l'emmerde."
Ce dérapage verbal, largement relayé par les médias, ne peut que desservir une nouvelle fois son image.
"Abandonner serait faillir"
Résultat, l'hypothèse d'un retrait grossit et Eva Joly elle-même l'accrédite.
Quant on lui demande si elle pense à renoncer, elle répond tout de go: "Il ne faut jamais dire jamais, bien sûr. Mais abandonner serait faillir. C'est la seule chose que je n'ai pas le droit de faire".