dimanche 18 mars 2012

Un déséquilibré agresse des fidèles dans une mosquée à Arras : un mort et un blessé grave


VIOLENCES |

Hier soir, la mosquée Annour, l'une des trois installéesà Arras, a été le théâtre d'un drame. Vers 18 h 30, un individu de 32 ans souffrant de troubles psychiatriques a pénétré dans le bâtiment et a agressé deux hommes à l'aide d'un gourdin en bois. L'un d'eux, 73 ans, est décédé des suites de ses blessures, l'autre est dans un état critique. La communauté musulmane est abasourdie.
L'onde de choc a plongé une foule compacte dans le silence, réunie hier soir, à Arras, aux grilles d'accès de la mosquée Annour, solidement gardées par des policiers. Vers 18 h 30, rue Matisse, la quatrième prière du jour a été interrompue par l'intrusion d'« un habitué des lieux, qui était dans un grand état d'excitation », détaillait le préfet Denis Robin.
Seddik Hammoudi, 32 ans, qui multipliait les séjours à l'unité psychiatrique Aloïse-Corbaz d'Arras, est entré armé d'un gourdin en bois, long d'un mètre, et a frappé deux septuagénaires. Le premier, 73 ans, touché à la tête à plusieurs reprises, est décédé sur place, des suites de ses blessures. Quant au second, « son pronostic vital est engagé », expliquait le vice-procureur d'Arras, Jean-Pascal Arlaux. Il a été transporté au CHRU de Lille. Son fils lui a prodigué les premiers soins, tandis que des fidèles maîtrisaient le déséquilibré.

« Pas un crime raciste »

D'après les premiers éléments recueillis sur place, l'homme qui a fait irruption dans la mosquée souffrait de troubles psychiatriques depuis quelques années. « Quand il prenait ses cachets, ça allait, mais souvent il ne les prenait pas, affirme Bilal. Il se mettait alors à ricaner, devenait loufoque, voire agressif il entendait des voix, voyait des gens. Il interrompait la prière, disait qu'on était des mécréants. Mais jamais on n'aurait imaginé qu'il ferait ça. » Rapidement, plus d'une centaine de personnes se sont rassemblées spontanément. Tandis que la fille du défunt faisait un malaise (deux autres personnes dans le même cas ont été prises en charge), d'autres essayaient de comprendre.
Depuis des mois, le comportement de l'individu devenait problématique, sans rapport avec ses pratiques religieuses. « Ce n'est pas un crime raciste », tranchait d'ailleurs le maire d'Arras, Frédéric Leturque, visage fermé, s'appuyant sur les témoignages recueillis parmi les fidèles. Le préfet évoquait quant à lui un « acte de démence ».
L'agresseur présumé a été immédiatement placé en garde à vue et une cellule d'aide psychologique mise en place. Selon des jeunes du quartier et des habitués de la mosquée, le suspect avait déjà posé des problèmes. Il y a deux ans, il avait incendié des tapis de prière. Son comportement « instable » avait été repéré plus tôt dans la journée, notamment par des jeunes qui jouaient au football. Il s'en serait pris aussi à d'autres.
L'émotion, particulièrement vive après l'événement, a ensuite laissé la place à la colère, contenue avec dignité. Même si certains fidèles ne pouvaient s'empêcher de montrer du doigt le milieu psychiatrique hospitalier : « Tout le monde savait qu'il était dangereux, il était menaçant, il a déjà frappé des gens, nous-mêmes on l'avait déjà amené en psychiatrie, déplore Mohamed. Même quand il est rentré en Algérie, il a été interné. Il n'avait pas sa place dehors. On pouvait le prévoir. »