samedi 11 juin 2011

Gmail piraté : bienvenue dans l'ère de la cyberguerre


Gmail piraté : bienvenue dans l'ère de la cyberguerre

Une nouvelle fois, des centaines de comptes Gmail ont été piratés, et Google accuse la Chine d'être à l'origine de cette opération. Il va falloir s'y habituer, la cyberguerre est parmi nous, et fait actuellement l'objet d'une dangereuse surenchère.
L'annonce de Google précise que ses serveurs ont été victimes d'une attaque de« phishing », ou « hameçonnage », visant à copier des mots de passe de comptes Gmail et à récupérer leurs contenus. Les cibles, selon Google, sont des hauts fonctionnaires américains, des dissidents chinois, des responsables de plusieurs pays asiatiques, ou encore des militaires et des journalistes.
Toujours selon Google, l'origine de cette cyberattaque a pu être identifiée à Jinan, la capitale de la province du Shandong (est), où se trouve un commandement militaire chinois, et où, surtout, se trouve une école formée avec le soutien de l'armée, et qui avait déjà été accusée d'avoir pénétré les serveurs de Google l'an dernier. La Chine a fermement démenti ce jeudi ces accusations.
Les relations entre Google et la Chine sont conflictuelles depuis la découverte l'an dernier de la tentative d'espionnage de comptes Gmail de dissidents chinois, et la décision de la société américaine de fermer son moteur de recherche en Chine continentale qui avait accepté les règles de la censure chinoise, au profit du site basé à Hong Kong, région autonome non soumise aux mêmes règles de censure.

« Acte de guerre »

Cette nouvelle crise intervient alors que, selon le Wall Street Journal, les Etats-Unis s'apprêtent à décréter que toute cyberattaque sera désormais considérée comme un « acte de guerre » susceptible d'entraîner des représailles pouvant aller de sanctions économiques à une riposte graduée de tous ordres, électronique ou militaire classique.
Cette réévaluation stratégique, qui devrait être annoncée prochainement, fait suite à une cyberattaque visant Lockheed Martin, l'une des principales entreprises du secteur de l'armement aux Etats-Unis, qui fabrique notamment les avions de combat F-16. Lockheed Martin a été victime le 21 mai d'une attaque massive qui a paralysé ses systèmes informatiques et copié ses codes de sécurité.
La nouvelle doctrine américaine risque de provoquer une sérieuse escalade dans ce qui reste largement une guerre de l'ombre que se livrent quelques services spécialisés dans moins d'une dizaine de pays.
Au centre de cette révision se trouve la question-clé de la définition d'une cyberattaque, car entre l'intrusion de hackers libertaires comme les « Anonymous », et un « cheval de Troie », le virus Stuxnet, introduit dans le système nucléaire iranien, il y a un univers de différence de moyens, d'intentions, d'imp... lire l'article compelet 

La France expulse un journaliste de la télé publique iranienne


Le journaliste iranien Kamran Najafzadeh a quitté le territoire français depuis plus d'une semaine, mais aucun média de l'hexagone n'a parlé de son expulsion, une première. La presse iranienne a donc toute latitude pour le présenter en martyr de la liberté d'expression. Il est en fait victime d'une réponse française aux attaques de son gouvernement contre la liberté de la presse.
Pour le site anglophone Iranian.com, sur lequel s'exprime (en persan) Kamran Najafzadeh à son arrivée à l'aéroport de Téhéran le 26 mars, le journaliste iranien « a été forcé de quitter la France en raison de restrictions que lui a imposées le gouvernement français après ses soi-disant reportages “controversés”. »
Voici notamment ce que déclarait le journaliste, qui était jusqu'ici le correspondant à Paris de la Radio-Télévision de la République islamique d'Iran (IRIB, en anglais) :
« Après 18 mois d'activité journalistique, les ministres français de l'Intérieur et des Affaires étrangères ont décidé, lors d'une rencontre, que “le reporter d'IRIBNews avait franchi la ligne jaune et a attisé la haine dans l'opinion publique française”. »
On ne sait pas d'où vient cette citation, car aucun des deux ministères n'a jamais communiqué sur cette expulsion.

Il aurait cherché à mobiliser l'opinion française contre l'Etat français

Sur son site francophone, l'IRIB traite cette affaire sous le titre « La France et la liberté d'expression », dans un style emphatique :
« Jamais de mémoire d'experts, le droit à la libre expression n'aura mariné dans une telle mélasse. Renié, depuis longtemps, par ses pseudo-parrains occidentaux, c'est, en France, qu'il semble, toutefois, être malmené, de la plus flagrante des manières. […]
L'extrémisme laïc, le droit impérialiste d'ingérence, la bouc-émissairisation des Musulmans français, cette crispation trop élyséenne sur une nostalgie de grandeur, avec l'évocation incantatoire des valeurs laïques, voilà de quoi s'entretenait le journaliste Kamran Najaf Zadeh, dans ses reportages. Le ministère de l'Intérieur et le Quai d'Orsay l'ont accusé d'avoir cherché à nuire à la sûreté de l'Etat français, à mobiliser l'opinion contre celui-ci. […] » .. lire la suite 

Crash du Rio-Paris : hypothèse inédite et gênante pour Airbus


La marine brésilienne récupère un débris du vol AF447, à 1 200 km au nord-est de Recife (Reuters)
Télécharger l'assignation en référé d'Air France, Axa et Airbus par cinq familles de victimes du vol 447 Air France.Par l'intermédiaire d'avocats français et brésiliens, cinq familles de victimes du vol 447 Air France, dont le crash a fait 228 morts le 1er juin 2009, assignent en référé la compagnie aérienne, l'avionneur Airbus et l'assureur Axa devant le tribunal de grande instance de Toulouse, avant de lancer une procédure au Brésil. (Télécharger l'assignation en référé)
Elles s'appuient sur une nouvelle expertise, selon laquelle une faiblesse dans la conception de l'avion aurait provoqué une dépressurisation de l'Airbus A330-200.
Déjà reportée à la demande d'Airbus, l'audience en France devrait finalement se tenir le 9 juin. Pour obtenir réparation, ces familles et leurs avocats développent une hypothèse inédite sur les causes du crash, survenu en pleine nuit au milieu de l'Atlantique.
Cette hypothèse, confirmée par de nombreux éléments déjà connus, s'appuie sur un rapport effectué par le cabinet d'experts espagnol Air Safety Investigation Consulting (Asic). Asic a été missionné par l'un des avocats des familles de victimes, Me Richard Martin-Chico, qui travaille sur des dossiers de crashs aériens (impliquant Airbus comme Boeing) depuis une vingtaine d'années (Mont Saint-OdileCharm el-Cheikh…).
L'avocat est l'oncle d'un des experts d'Asic.

Ce scénario incrimine principalement Airbus

Ce nouveau scénario reprend des causes déjà avancées, comme ledysfonctionnement des sondes Pitot et la confusion générée dans le cockpit par les très nombreuses alarmes déclenchées en chaîne pendant les quelque quarante minutes ayant précédé le crash.
En revanche, il bat en brèche les dernières « révélations » de la presse française, américaine ou allemande à l'approche d'une communication du Bureau enquêtes et analyses (BEA), vendredi 27 mai, sur les premiers éléments tirés des boîtes noires. Ces articles tendent à mettre Airbus hors de cause et pointent une erreur des pilotes et/ou d'Air France.
Selon cette nouvelle thèse, Air France serait automatiquement responsable, en droit, en vertu de la convention de Montréal. Airbus, lui, serait « objectivement » responsable, en tant que constructeur de l'objet, l'avion.

Parmi les derniers messages, une forte variation de pression

Voici, en résumé, le scénario établi par Asic. L'hypothèse prend sa source dans une partie des messages Acars envoyés automatiquement par l'avion à Air France, et quel'on peut consulter intégralement sur le site Eurocockpit.
Parmi les 24 messages envoyés pendant les quatre minutes précédant la disparition de l'avion, plusieurs accréditent la thèse d'une dépressurisation, et donnent des indications sur ses causes éventuelles.
  • A 2h10, « la limitation de débattement de la gouverne de direction (rudder) est perdue ». La gouverne de direction est la partie mobile fixée à l'arrière de la dérive, le tout constituant l'empennage de l'avion. Selon cette hypothèse inédite, le « rudder » a donc pu se déployer en opposition au vent, ce qui a provoqué l'arrachage de l'empennage (qui a été repêché) ;
  • à 2h14, « variation de l'altitude de la cabine supérieure à 1 800 pieds/minute ».

Les passagers morts en l'air, en moins de six minutes

Me Richard Martin-Chico détaille ce qu'il suppose être l'enchaînement :
« Lorsque l'empennage a été arraché, cela a fait un trou dans la cabine, par lequel l'air pressurisé de la cabine s'est échappé. Dès qu'il y a une fuite, elle a tendance à s'agrandir sous la pression de l'air comprimé.
L'égalisation entre la pression extérieure, largement inférieure, et la pression intérieure se fait donc rapidement. Cela signifie que l'air qui est à l'intérieur s'en va.
En six minutes environ, tout le monde meurt. La pression à l'extérieur étant trop faible, une partie de l'avion a explosé. »
Le fait que le message de variation de l'altitude soit l'un des derniers accrédite aussi la thèse de l'explosion.

La possibilité de l'explosion avait été évoquée juste après le crash

L'avocat n'admet pas les conclusions du BEA, organisme dépendant du ministère de la Défense, et dont la nouvelle hypothèse critique la partialité :
« Le BEA dit qu'il n'y a pas eu de dépressurisation car les masques à oxygène ne sont pas sortis. Or, on a retrouvé des masques intacts et déployés.
D'autres éléments de l'accident, comme la dispersion importante des corps des victimes et des débris, la petite taille d'une partie des débris, ainsi que le décès de certaine ... lire la suite d'article : 
http://www.rue89.com/confidentiels/2011/05/26/crash-du-rio-paris-hypothese-inedite-et-genante-pour-airbus-206067

Côte d'Ivoire : comment Gbagbo a joué avec les nerfs de Sarkozy


Des câbles WikiLeaks révélés par Rue89 racontent les hésitations de la France face à Gbagbo et son soutien discret à Ouattara.

Laurent Gbagbo à Abidjan, le 28 décembre 2010 (Thierry Gouegnon/Reuters).
Rue89 et WikileaksDepuis l'élection de Nicolas Sarkozy, les diplomates français ont régulièrement tenu leurs homologues américains au courant de la situation en Côte d'Ivoire. Et des doutes de l'Elysée et du Quai d'Orsay sur l'attitude à adopter.
Jusqu'où peut-on faire pression sur Laurent Gbagbo sans le brusquer ? Et jusqu'où soutenir Alassane Ouattara sans que cela devienne trop voyant ?
Rue89 a pu consulter les câbles confidentiels envoyés par l'ambassade des Etats-Unis à Paris entre 2007 et le début de l'année 2010.

Gbagbo ne croit pas aux élections « régulières »

Pour Laurent Gbagbo, l'élection de Nicolas Sarkozy est une mauvaise nouvelle : siJacques Chirac n'appréciait guère Alassane Ouattara, le nouveau président français est considéré comme proche de l'opposant. Lors de sa première rencontre avec son homologue ivoirien, Nicolas Sarkozy va donc le rassurer sur ses intentions.
La rencontre a lieu le 8 décembre 2007 à Lisbonne, en marge d'un sommet de dirigeants européens et africains. Et le 17 décembre, Romain Serman, membre de la cellule diplomatique de l'Elysée, rend compte de la discussion à ses interlocuteurs américains à Paris. Le câble adressé à Washington explique :
« Serman a dit qu'un des buts de la rencontre était que Gbagbo ne puisse plus insinuer que Sarkozy n'aimait pas Gbagbo ou qu'il avait peur de lui, une idée que Gbagbo a utilisée dans ses tentatives de manipulation de l'image de la France en Côte d'Ivoire.
Sarkozy voulait dissiper l'impression que lui ou la France étaient réticents à traiter avec Gbagbo. Ce n'est plus un problème après leur rencontre, selon Serman. »
Tous les problèmes ne sont pourtant pas réglés, comme le prouve une scène étonnante racontée aux Américains par le conseiller de Nicolas Sarkozy.
En mars précédent, l'accord de Ouagadougou a organisé un partage des pouvoirs avec les rebelles des Forces nouvelles : leur chef, Guillaume Soro, est devenu Premier ministre de Laurent Gbagbo. Nicolas Sarkozy demande au président ivoirien de passer à l'étape suivante, l'organisation d'une élection présidentielle, repoussée à plusieurs reprises depuis 2005. Et de garantir le sérieux de cette élection.
La réponse de Laurent Gbagbo est surprenante. L'Ivoirien prend à témoin le Président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, qui a organisé le compromis signé à Ouagadougou et assiste à la rencontre avec Nicolas Sarkozy :
« Serman a dit que Gbagbo avait tenté de souligner que les élections africaines étaient souvent “irrégulières”, en affirmant (en présence de Compaoré) que même les élections au Burkina Faso n'étaient pas allées complètement sans problèmes. Compaoré n'a pas apprécié cette remarque, il en a démenti la teneur et Sarkozy a regardé Compaoré et Gbagbo discuter des mérites des élections et du système électoral au Burkina Faso. »

Rencontre discrète entre Ouattara et Sarkozy

Selon les câbles américains que nous avons consultés, les diplomates français se persuadent très vite que Laurent Gbagbo n'a pas l'intention d'organiser l'élection présidentielle. En tout cas, pas tant qu'il court le risque de la perdre.
L'élection aurait dû avoir lieu fin 2008, mais elle a été à nouveau reportée. Cette fois-ci, le premier tour est fixé au 29 novembre 2009. Et Laurent Gbagbo cherche toutes les excuses pour repousser l'échéance, explique Romain Serman à ses interlocuteurs américains le 4 septembre.
Ce conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy a ainsi reçu le jour même une étrange visite, raconte le câble envoyé à Washington. Une avocate envoyée par le camp Gbagbo, simplement décrite comme « une jeune femme franco-ivoirienne », est venue lui suggérer d'attendre le désarmement des rebelles avant toute élection.
Cette demande de dernière minute est jugée peu « crédible ». A l'Elysée, on n'exclut pas que Laurent Gbagbo aille plus loin. Jusqu'à organiser un coup d'Etat… contre lui-même :
« Gbagbo pourrait envisager d'autres tactiques comme, selon des sources libériennes que Serman ne nomme pas, monter un “faux coup d'Etat” contre lui-même pour créer une excuse pour reporter les élections jusqu'à ce que cette “nouvelle menace militaire/sécuritaire soit réglée”.
Serman a dit qu'il avait dit à l'avocate de Gbagbo qu'il était au courant de ce projet et qu'il lui avait conseillé d'y renoncer. Serman a dit que le but de Gbagbo était de repousser l'élection aussi longtemps qu'il lui paraîtra possible qu'il puisse la perdre. »
Laurent Gbagbo pense en fait que le temps joue contre ses deux principaux rivaux, l'ex-président Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara. Le premier serait victime de son âge, et le second aurait besoin d'argent :
« L'analyse de Serman est que l'objectif de Gbagbo est de continuer à créer des excuses pour reporter les élections afin d'“épuiser” ses principaux rivaux Bédié, qui pourrait bientôt être perçu comme trop vieux pour mener une campagne efficace [il est né en 1934,... lire la suiote d'articles : 
http://www.rue89.com/2011/04/12/cote-divoire-comment-gbagbo-a-joue-avec-les-nerfs-de-sarkozy-199653