mardi 7 août 2012

Syrie : Défection du Premier ministre Riad Hijab L’armée encercle Alep avant la «grande offensive»


Le Premier ministre syrien Riad Hijab a fait défection, a affirmé lundi l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), la télévision d’Etat assurant de son côté que M. Hijab avait été démis de ses fonctions. Selon un responsable du gouvernement jordanien, le Premier ministre syrien Riad Hijab a fait défection en se rendant en Jordanie avec sa famille et a rallié l’opposition. La télévision syrienne avait rapporté, un peu plus tôt que Riad Hijab avait été limogé, sans donner les raisons de sa révocation, moins de deux mois après avoir pris ses fonctions.
Depuis juin à la tête du gouvernement syrien, Ryad Hidjab, dont la télévision de Damas a annoncé lundi le limogeage, s’est réfugié avec sa famille en Jordanie et a rallié l’opposition au régime du président Bachar al Assad.
Il s’agit du plus important membre du clan Assad à faire défection depuis le début de l’insurrection à la mi-mars 2011.
Dans un communiqué lu par un de ses porte-parole sur la chaÂŒne Al Djazira, Hidjab confirme sa défection et annonce qu’il se rallie à la «révolution».
«J’annonce aujourd’hui que j’abandonne ce régime terroriste et criminel et que je rejoins les rangs de la révolution pour la liberté et la dignité. J’annonce aujourd’hui que je suis un soldat de la sainte révolution.»
Cette défection représente le coup le plus dur contre le régime après 16 mois d’une révolte sans précédent contre le président Bachar al-Assad. D’autant plus qu’elle intervient juste après la défection dimanche de trois officiers des renseignements politiques à Damas, dont deux frères issus du clan du vice-président sunnite Farouk al-Chareh, et qui ont trouvé refuge en Jordanie, a assuré à l’AFP le colonel Kassem Saad Eddine, porte-parole de l’Armée syrienne libre en Syrie.
Deux mois à peine après sa nomination, sur fond de révolte populaire devenue conflit armée, Riad Hijab, un sunnite, «a fait défection», a affirmé Rami Abdel Rahmane, chef de l’OSDH, sans toutefois pouvoir dire où se trouvait l’ex-Premier ministre.
Selon le quotidien gouvernemental Techrine, M. Hijab avait présidé dimanche deux réunions centrées «sur les mesures à prendre pour réaménager les régions purifiées des groupes terroristes armées», terme par lequel les autorités désignent opposants et rebelles.
Par ailleurs, le premier cosmonaute syrien, le général Mohammad Ahmad Fares, 61 ans, s’est, lui, réfugié en Turquie, selon l’agence Anatolie.
Par ailleurs, un nouveau général de l’armée syrienne est arrivé en Turquie pour rejoindre les troupes des combattants de l’opposition, accompagné de cinq officiers de haut rang et plus de 30 soldats, a rapporté lundi l’agence Anatolie.
Quelque 400 civils syriens, dont une majorité de femmes et d’enfants, ont suivi les soldats, a ajouté l’agence.
Cette dernière défection porte le nombre des généraux syriens réfugiés en Turquie à 31, depuis le début du soulèvement l’année dernière à la mi-mars.
Certains des généraux déserteurs ont toutefois regagné la Syrie pour rejoindre les combattants actifs dans ce pays déchiré par les conflits, a déclaré un responsable turc à l’AFP, refusant de donner le nombre exact des généraux syriens actuellement présents sur le sol turc.
Ces derniers mois, des centaines de militaires syriens ont passé presque quotidiennement la frontière avec la Turquie pour rallier l’Armée syrienne libre (ASL), souvent accompagnés par des soldats du rang.

Alep encerclé par les forces
du régime

Sur le terrain, l’armée syrienne, qui a achevé son déploiement autour d’Alep, bombardait et livrait bataille aux rebelles dans la ville avant de lancer l’offensive décisive pour le contrôle de cette métropole du nord de la Syrie, enjeu crucial du conflit.
L’aviation a bombardé les quartiers de Char et Sakhour (est), tandis que celui de Salaheddine (ouest), bastion rebelle assiégé par l’armée, était la cible de tirs d’artillerie, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Des combats se déroulaient dans d’autres quartiers de cette ville, poumon économique de la Syrie situé à 355 km au nord de Damas, a précisé cette ONG qui tire ses informations d’un réseau de militants et de témoins.
«Tous les renforts sont arrivés et encerclent la ville. L’armée est prête désormais à lancer l’assaut décisif mais attend les ordres», a affirmé cette source. «Cependant la guerre risque de durer car il va y avoir des batailles de rues pour déloger les terroristes».
Selon un responsable de la sécurité, au moins 20.000 militaires ont été déployés sur le front d’Alep, où les rebelles comptent pour leur part entre 6.000 et 8.000 hommes, d’après le journal al-Watan, proche du pouvoir.
«La mission actuelle (de l’armée) consiste (...) à resserrer l’étau et à renforcer le contrôle des entrées de la ville afin d’empêcher (les rebelles) de fuir», selon ce quotidien qui affirme qui des «centaines de terroristes ont été tués» à Alep.
Les rebelles disent tenir la moitié de la ville et affirment que, malgré les bombardements par l’artillerie et l’aviation, les soldats ne parviennent pas à avancer au sol.

Situation figée

Selon des journalistes de l’AFP sur place, la situation semblait figée. L’Armée syrienne libre (ASL, formée de déserteurs et de civils armés) et les troupes régulières s’affrontent certes violemment à Salaheddine, mais chacun attend encore la grande offensive.
Dans un communiqué, le Conseil national syrien (CNS), plus importante coalition de l’opposition, a accusé l’armée de bombarder le patrimoine architectural d’Alep.
Sur l’autre grand front du conflit, celui de Damas, l’armée a affirmé samedi contrôler totalement la capitale après avoir repris le quartier de Tadamoun.
Trois officiers des services de renseignement politique dans la capitale ont fait défection pour trouver refuge en Jordanie, a assuré à l’AFP Kassem Saad Eddine, porte-parole de l’ASL en Syrie. Le premier cosmonaute syrien, le général Mohammad Ahmad Fares, 61 ans, s’est, lui, réfugié en Turquie, selon l’agence Anatoli.
Alors que la Turquie joue un rôle majeur dans l’aide aux rebelles, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton s’y rendra samedi prochain pour discuter du conflit en Syrie, selon le département d’Etat.
Les violences ont fait dimanche au moins 79 morts, dont 42 civils, selon l’OSDH qui rapporte plus de 21.000 morts depuis le début de la révolte contre le régime du président Bachar al-Assad en mars 2011.

Iraniens enlevés

Selon Marwane Abdel Aal, de la section libanaise du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, gauche), les combats à Damas dans ou autour du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk a provoqué l’exode au Liban de 600 familles palestiniennes pendant le week-end.
Dans la région de Damas, haut lieu du chiisme, 48 pèlerins iraniens qui se rendaient en bus à l’aéroport ont été par ailleurs enlevés samedi. L’Iran a demandé à la Turquie et au Qatar, qui soutiennent les rebelles, d’intervenir pour les faire libérer.
Les rebelles ont affirmé que parmi ces otages figuraient des membres des Gardiens de la révolution, armée prétorienne du régime iranien, selon une vidéo de la télévision satellitaire Al-Arabiya.
Mais un responsable de l’opposition syrienne a accusé le groupe extrémiste sunnite iranien Jundallah, qui selon lui a «un discours religieux basé sur la haine des chiites et des alaouites», d’être derrière ce rapt et le meurtre de 15 partisans du régime à Yalda dans le sud de Damas.
Après que l’ONU a récemment voté une résolution déplorant l’impuissance de la diplomatie pour arrêter ce conflit, le ministre allemand de la Défense, Thomas de Maizière, a une nouvelle fois exclu une intervention militaire en Syrie, dans un entretien au journal «Welt am Sonntag».

Egypte : Un commando tue 15 gardes-frontière égyptiens avant de regagner Israël


Des hommes armés ont attaqué dimanche un poste-frontière entre l’Egypte et Israël, tuant 15 garde-frontières égyptiens, avant de pénétrer avec un véhicule blindé sur le territoire israélien où ils ont été neutralisés.

Le président égyptien Mohamed Morsi a convoqué une réunion d’urgence avec le Conseil suprême des forces armées, tandis que le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a estimé que l’assaut soulignait «la nécessité pour les autorités égyptiennes d’agir fermement pour rétablir la sécurité et lutter contre le terrorisme dans le Sinaï».
Un haut responsable égyptien de la sécurité a accusé des «jihadistes» venus de la bande de Gaza voisine d’être derrière l’attaque.
«Des éléments jihadistes infiltrés de la bande de Gaza à travers les tunnels, en collaboration avec des éléments jihadistes des régions d’al-Mahdiya et de Gabal Halal (en Egypte), ont attaqué un poste-frontière pendant que les soldats et les officiers prenaient l’iftar», le repas de rupture du jeûne de ramadan, a-t-il affirmé, cité par l’agence officielle Mena.
En réaction à l’attaque, l’Egypte a décidé de fermer «sine die» le terminal de Rafah, à sa frontière avec la bande de Gaza, selon les médias officiels. Le terminal est l’unique point de passage entre le territoire palestinien, contrôlé par le mouvement islamiste Hamas, et le monde extérieur à ne pas être contrôlé par Israël.
Pas de victime côté israélien
Des hommes armés vêtus comme des Bédouins du Sinaï étaient arrivés à bord de deux véhicules et avaient ouvert le feu sur un barrage, selon un responsable de la sécurité.
Quinze soldats et officiers des gardes-frontière ont été tués, d’après le ministère de la Santé.
Les assaillants se sont ensuite emparés de deux blindés et sont parvenus à pénétrer avec l’un d’eux sur le territoire israélien, près du poste-frontière de Kerem Shalom, avant d’être neutralisés.
«Une explosion s’est produite dans un des véhicules avant qu’il n’atteigne le territoire israélien, tandis que le deuxième véhicule a été attaqué par l’armée de l’air israélienne», a indiqué un porte-parole de l’armée, en précisant qu’»il n’y a pas eu de victime du côté des soldats israéliens».
La radio publique israélienne a précisé qu’un hélicoptère israélien avait attaqué le véhicule et que trois «terroristes» présents à bord avaient été tués.
Dans la nuit, l’armée israélienne menait des opérations dans le secteur à la recherche d’autres membres du commando susceptibles de se trouver en territoire israélien, a ajouté le porte-parole militaire.
De son côté, la police du mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a annoncé avoir fermé tous les tunnels de contrebande pour éviter toute fuite des membres du commando de l’Egypte vers Gaza.
Des témoins palestiniens ont confirmé à l’AFP que tous les tunnels avaient été fermés par la police qui a également déployé des renforts à la frontière.

Comment traquer les faux C.V.


Faux diplômes, dates arrangées, intitulés de postes surdimensionnés…, la triche sur un C.V. prend plusieurs formes. Internet a facilité la production des faux diplômes.
faux C.V.
La nouvelle a vite fait le tour du monde. Le patron de Yahoo, l’un des plus importants sites d’information et de recherche, aurait falsifié son CV. Une fâcheuse tricherie qui l’a obligé à démissionner au bout de cinq mois de présidence. Pire, un autre haut cadre de la même boîte aurait connu le même sort quelques jours plus tard, toujours pour la même raison. Cas identique cette fois-ci en France où un ex-patron d’un aéroport aurait présenté un CV bidon. Il aurait prétendu être titulaire d’un diplôme d’ingénierie de la navigation aérienne alors qu’il ne l’avait jamais obtenu. Bien qu’il ait accompli son travail remarquablement durant quelques mois d’activité, il a été tout de même licencié pour faute grave.
Ces exemples sont loin d’être anecdotiques. Selon Chantal Aounil, consultante chez Bil Consulting, 80% des CV contenus dans la cvthèque du cabinet ont subi forcément un lifting. Cela va de l’omission à l’enjolivement en passant par les fausses déclarations, si le candidat est quasiment certain que les vérifications s’avèreront impossibles ou très difficiles à faire.
Nombreux sont les candidats qui succombent à ces pratiques. Or, les tricheries n’échappent pas aux recruteurs aguerris, même s’il leur arrive d’accorder des circonstances atténuantes pour certains écarts. L’existence d’un doute sur la véracité des informations transmises est pardonnable, si le candidat joue la carte de la transparence en entretien. Très souvent, il peut s’agir de petits arrangements avec la réalité. Par exemple, le cursus a bien été suivi, mais n’a pas été couronné par un diplôme. Ainsi une mention du genre «Ancien élève» d’une telle école peut signifier que l’intéressé a fréquenté l’école mais n’a jamais réussi l’examen final ou a été viré avant terme. Le candidat peut aussi mentionner le nom d’une grande école étrangère alors qu’il s’agit d’une formation délocalisée. Il arrive que des trous soient laissés volontairement dans le parcours professionnel ou scolaire. «Manquer de précisions sur les dates pour masquer une période de chômage n’est pas grave si on est sincère sur les raisons», explique Chantal Aounil.
En revanche, la mention d’un faux diplôme est préjudiciable au candidat. Le subterfuge est pourtant courant. Avec le développement de l’internet, aucun pays n’y échappe. Une multitude de sites, généralement hébergés dans les pays asiatiques, proposent des diplômes de toutes les grandes universités du monde. Mais le problème est tel que les recruteurs sont extrêmement pointilleux sur ce sujet et n’hésitent pas à appeler les écoles citées pour authentifier les documents fournis. Difficile donc de passer entre les filets s’il s’agit de grandes écoles parce qu’il y va de leur prestige.
Tous les lauréats sont donc minutieusement répertoriés. Le seul problème dans ce cas est que certaines entreprises ne prennent pas la peine de procéder aux vérifications d’usage quand elles recrutent directement pour des postes non stratégiques. Younes Mouhib, DG du cabinet Positif conseil, assure même que 75% des entreprises de la place ne vérifient pas les informations qu’on leur communique sur un CV. Mais souvent, il s’agit de postes non stratégiques. 
Paradoxalement, la fraude s’intensifie à mesure que l’on monte dans la hiérarchie, souligne Mme Aounil. «Les CV améliorés se constatent principalement pour des postes de cadres, parfois même pour des postes de direction. Souvent, ils sont dans une logique de compétition, de quête de nouveaux challenges et, du coup, ils n’hésitent pas à gonfler ou à enjoliver leur CV», explique-t-elle. Ce faisant, il est tentant de fabuler sur l’expérience. «C’est la partie du CV la plus facile à enjoliver», note Mohamed Benouarrek, DRH de Promamec. «Une mission réalisée entre 2003 et 2005 peut durer deux ans comme quelques semaines. Les candidats rallongent souvent les dates pour masquer les périodes d’inactivité», précise-t-il.
Il est difficile de cacher indéfiniment les supercheries
Les artifices sont extrêmement nombreux. Mme Aounil met aussi l’accent sur les approximations des intitulés du poste. «Certains mentionnent toutes les attributions d’un descriptif de poste sans pour autant réaliser toutes les tâches conséquentes», précise-t-elle. Par exemple, il n’est pas rare qu’un responsable RH se fasse passer pour un DRH tout comme un chef de produit pour un directeur commercial.
Les langues sont aussi un facteur important à surveiller. Les candidats ont souvent l’habitude de mentionner «Anglais : parlé couramment». Dans un pareil cas, la question peut être réglée très rapidement lors de l’entretien. Si le recruteur comprend la langue mentionnée, il peut en user au beau milieu de l’entretien. Si cette langue est indispensable pour le poste, il sera possible de se faire aider d’un professionnel. Dans une discussion à bâtons rompus, il sera impossible de se dérober.
Pour montrer sa capacité à travailler en équipe, le candidat peut subitement devenir un pratiquant de sport collectif (football, rugby, volet ou handball) quand d’autres mettent en avant leur endurance et leur pugnacité en mentionnant dans leur CV le marathon ou des sports de combat.
Tout cela relève de la témérité. Parce que pour peu que le recruteur prenne la précaution de faire un minimum d’investigation, les forfaits sont vite débusqués. D’ailleurs, une des précautions d’usage qui devient courante est de demander des références afin de contacter d’anciens employeurs. Les coups de fil aux précédents employeurs sont également fréquents, tout comme les échanges avec d’anciens supérieurs ou collègues du candidat. Les fraudeurs sont donc prévenus. Surtout qu’il est difficile de cacher indéfiniment les supercheries.

9 000 salariés étrangers déclarés au Maroc. Combien sont-ils en réalité ?


Du fait des facilités d'entrée au Maroc, les Européens contournent les formalités de visa en faisant des allers-retours tous les trois mois. Français, Turcs et Chinois arrivent en première position. Le Maroc compte beaucoup moins d'étrangers qu'au début des années 60 et demeure essentiellement un pays d'émigration.
Salariés Chinois Maroc
Le Maroc un pays d’immigration après avoir été, par excellence, celui de l’émigration ? Le ministre PPS de l’emploi, Abdelouahed Souhail, semble le croire lui qui, début juillet, dans une intervention à un forum du Conseil économique et social de l’ONU, établit un lien de causalité entre «la crise de l’emploi au Maroc» et «l’afflux de ressortissants des pays du Nord (…)» ! Les chiffres pourtant n’indiquent nullement que le Maroc soit devenu ou est en train de devenir un pays d’immigration.
Lors du dernier recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) réalisé par le Haut commissariat au plan (HCP) en 2004, la surprise a été grande pour beaucoup de découvrir que, finalement, le nombre d’étrangers officiellement résidents au Maroc n’était que de 51 435 personnes, soit 0,17% de la population totale recensée à cette date. En 1960, quatre ans après l’indépendance du pays, le Maroc comptait 396 000 étrangers. 44 ans après, il n’en restait que 50 000. 

En 2014, date du prochain RGPH, nous saurons si cette communauté d’étrangers a augmenté ou non et dans quelle proportion. Mais une quasi-certitude déjà : quelque importante que puisse être l’évolution du nombre d’étrangers depuis 2004, leur poids ne dépassera pas 1% de la population totale, tout au plus ! Rien à voir avec les proportions d’étrangers observées dans les pays réels d’immigration : 70% aux Emirats Arabes Unis, 35% au Luxembourg, 23% en Suisse, 22% en Australie, 21% au Canada, 16% en Autriche, 14% en Suède, etc. Ceci pour le cadre général. Sur la question spécifique de l’emploi, les étrangers travaillant au Maroc sont numériquement encore plus faibles. De là à penser qu’ils puissent «amplifier la crise de l’emploi»… 

L’Anapec accorde en moyenne 2 000 attestations d’activité par an

Selon les statistiques du département de l’emploi, les salariés étrangers à la fin de l’année 2011 sont un peu moins de 9 000 personnes. Il s’agit bien sûr de travailleurs dont les contrats ont été visés, en premier établissement ou en renouvellement, par l’administration de l’emploi. Ce chiffre mérite quelques correctifs, le premier étant que certains étrangers, notamment européens, du fait des facilités d’entrée au Maroc dont ils bénéficient, n’accomplissent pas la formalité du visa de travail, ils peuvent se contenter d’un séjour touristique de trois mois renouvelables autant de fois que nécessaires par une simple sortie hors du territoire le temps d’un week-end par exemple. Ces personnes n’apparaissent donc pas dans les statistiques du ministère de l’emploi. Mais, objectivement, elles ne doivent pas être des masses ! Les salariés étrangers au Maroc, en vérité, représentent peu de choses. Même en considérant, hypothèse hautement improbable, que ceux qui sont déclarés au service du visa de l’emploi ne sont que la moitié de la population réelle des salariés étrangers, ceux-ci ne seraient qu’à peine 18 000. Que pèsent-ils dans la population active occupée, qui est de 10,3 millions de personnes, ou même dans la population des chômeurs qui est, au dernier chiffre, de 1,13 million de personnes. On est là sur des échelles tout à fait différentes.


Par ailleurs, ces salariés étrangers travaillent en général pour des sociétés étrangères ou à participation étrangère, et dans leur cas, il ne s’agit pas d’une immigration économique à proprement parler mais plutôt professionnelle et temporaire. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si les ressortissants de nationalité française sont en tête des salariés (3 116) dont le contrat a été visé par le ministère de l’emploi. Rappelons en effet que la France est économiquement très présente au Maroc, elle y est le premier investisseur. De la même manière, si les Turcs (740) viennent en deuxième position en termes de contrats visés par l’administration, c’est parce que ces dernières années, les entreprises turques sont fortement présentes au Maroc dans le cadre des marchés d’infrastructures qu’elles réalisent. La preuve, s’il en fallait encore une, qu’il s’agit moins d’immigration économique que professionnelle et temporaire, c’est que le classement des contrats visés par nationalité montre que les quatre premières concernent de grands pays développés : France (3116 salariés), Turquie (740), Chine (625) et Espagne (298). 

Dans les pays dits d’immigration, le gros des travailleurs étrangers est issu de pays pauvres et/ou en voie de développement. Ce qui n’est pas le cas au Maroc. Mis à part le Sénégal classé à la sixième place par ordre d’importance de ses ressortissants salariés au Maroc, le premier pays africain, donc sous-développé, en l’occurrence le Congo, apparaît à la 20e place avec 92 ressortissants salariés. 

Par ailleurs, même si l’ANAPEC accorde quelque 2 000 attestations d’activité en moyenne annuelle, le stock des salariés étrangers ne s’apprécie pas du même chiffre, ce qui accrédite l’idée qu’il s’agit d’activité plutôt temporaire. Entre 2007 et 2011, le stock des salariés dont les contrats ont été visés par le ministère de l’emploi n’a en effet augmenté que de 1398 personnes (voir tableau), soit une moyenne de 280 personnes par an...

Salarié étranger : le sésame de l'ANAPEC

Les entreprises désirant engager des salariés étrangers doivent d’abord s’adresser à l’ANAPEC qui vérifiera par une annonce publicitaire que le profil à recruter n’existe par sur le marché. Si, à l’issue de l’annonce, aucun candidat marocain ne s’est manifesté pour le poste, l’ANAPEC délivre alors «une attestation d’activité pour les salariés étrangers» et l’employeur est ainsi autorisé à recruter l’étranger mais après avoir obtenu un visa du ministère de l’emploi.

Cette procédure longue et fastidieuse que beaucoup abandonnent en cours de route, s’applique à tous les étrangers, sauf aux Sénégalais, aux Algériens et aux Tunisiens. Selon l’ANAPEC, environ 2 000 attestations en moyenne sont délivrées chaque année, sur environ 4 000 demandes.