lundi 23 janvier 2012

Jean-Christophe Lagarde : "Sarkozy est entré dans ses habits de Président"


Vous avez critiqué à de nombreuses reprises la candidature d'Hervé Morin à la présidentielle. Qui soutiendrez-vous dans la campagne ?
En 2007, j'ai été le seul député centriste à ne pas avoir soutenu Nicolas Sarkozy et à ne pas avoir voté pour lui ni au premier, ni au second tour. J'ai eu beaucoup de désaccords avec lui dans son début de mandat, qui m'ont par exemple conduit à ne pas voter le bouclier fiscal et la loi Tepa. J'en ai eu d'autres par la suite. Pour autant, plusieurs éléments me conduisent à décider aujourd'hui que s'il est candidat, je le soutiendrai. C'est vrai, c'est un choix que je n'aurais pas imaginé faire il y a un an et demi.
Jean-Chistophe LagardeQu'est-ce qui motive cette décision ?
Il y a trois choses. D'abord, il y a aujourd'hui un vrai risque de nouveau 21 avril, c'est-à-dire de voir les Français privés de choix avec l'irruption de l'extrême droite au second tour. La dispersion n'est donc plus permise. Ensuite, je pense que dans la tempête que nous traversons, la France ne peut pas se permettre une aventure derrière Hollande et que Nicolas Sarkozy est le mieux armé pour y faire face. J'ai entendu François Hollande au Bourget : beaucoup de grands principes, de déclarations creuses, mais aucun chemin pour sortir de la crise. Enfin, ces derniers mois, j'ai vu le chef de l'Etat se rapprocher des positions que les centristes défendent depuis toujours, sur la règle d'or d'équilibre budgétaire, sur le Gouvernement économique de l'Europe pour sauver l'euro. Il est maintenant rentré dans ses habits de Président.
Comment le Nouveau Centre peut-il peser sur la majorité sans présenter de candidat à la présidentielle ?
Ce n'est pas par des candidatures de témoignage qui font flop qu'on arrivera à peser. Le centre est actuellement dispersé, éclaté. Je souhaite que nous puissions construire une majorité renouvelée, élargie, mieux équilibrée, pour que nos préoccupations soient prises en compte en début de mandat et non à la fin. C'est donc dès maintenant et dans le contrat de législature qu'il faut construire avec nos alliés que nous devons marquer quelles sont nos exigences, sur la formation des jeunes, l'équilibre budgétaire, une fiscalité plus juste ou la construction d'une Europe politique.
Hervé Morin doit donc retirer sa candidature au plus vite selon vous ?
Le retrait de sa candidature n'est plus qu'une question de délai. Mais on voit bien que son initiative personnelle a profondément divisé notre parti. Sa responsabilité comme président du Nouveau Centre, c'est de refaire notre unité en se retirant dignement, pour éviter que l'extrême-droite ne parvienne au second tour et pour nous permettre de discuter avec nos partenaires d'un contrat de législature qui fasse respecter nos valeurs. Avec 1%, ce qui n'est pas le poids du centre mais de sa candidature, on ne négocie rien.
Les centristes ont beaucoup reproché à l'UMP sa droitisation. Quelle tonalité voulez-vous que Nicolas Sarkozy donne à sa campagne ?
Je le soutiendrai tout en conservant mon droit d'inventaire.Je ne renierai rien de nos différences et refuserai toutes dérives s'il venait à s'en produire. J'attends de Nicolas Sarkozy qu'il tienne le langage de la transparence et de la vérité. Depuis trente ans, celui qui est élu président est celui qui promet qu'on rasera gratis. Si nous ne voulons pas être dans quelques temps dans la situation de la Grèce ou de l'Italie, nous avons besoin dans cette campagne que les candidats fassent la transparence sur notre situation, la vérité sur les efforts que nous avons à fournir et sur leur répartition. Ce n'est pas une élection pour rêver, c'est une élection pour sortir de la crise et dominer un monde nouveau.
Vous étiez le porte-parole de François Bayrou en 2007. Pourquoi ne pas l'avoir choisi ?
J'ai rencontré François, j'ai de l'estime,du respect et de l'amitié pour lui, mais je ne sais pas où il va. J'espère qu'il viendra après le premier tour construire avec nous cette majorité rééquilibrée : rien dans sa démarche ou dans ses propositions ne rejoint François Hollande.
La TVA sociale est chère aux centristes. Nicolas Sarkozy ne va-t-il pas trop vite en voulant la mettre en place avant la présidentielle ?
Est-ce que quelqu'un le croit assez stupide pour ne pas savoir que cette mesure est électoralement dangereuse et peut lui coûter des milliers de voix ? Non, bien sûr. En la prenant pour améliorer la compétitivité des entreprises françaises et sauver des emplois, il fait passer son intérêt personnel derrière celui du pays. C'est un choix de courage, un choix de président