Une tête maorie (Toi Moko) restituée à la Nouvelle-Zélande. (Musée du quai Branly. Photographie : Daniel Vigeard)
Comme convenu, les vingt têtes maories («toï moko») détenues dans les musées français ont officiellement été restituées à leur communauté ce lundi à Paris. La délégation néo-zélandaise conduite par Derek Lardelli, «aîné maori», est venue recueillir les restes sacrés de ses ancêtres, au musée du Quai Branly (1), avant leur rapatriement prochain en Nouvelle-Zélande. Au cours de cette cérémonie, Lardelli a salué ce geste, «peu importe comment vous êtes arrivés dans cette terre étrangère (...) merci au peuple français. Aujourd'hui, les ancêtres vous sourient pour nous avoir permis de vous ramener».
Le musée parisien en possédait sept. En mai 2010, la ville de Rouenavait déjà solennellement restitué une tête de guerrier maori tatouée et momifiée qui avait été donnée à son musée à la fin du XIXe siècle. A ce jour, le musée néo-zélandais, Te Papa et son prédécesseur, le Musée national, ont rapatrié des restes ancestraux de 14 pays pour un total de plus de 190 koiwi tangata (restes ancestraux Maori et Moriori). Il est estimé qu’il en existe encore plus de 500 qui attendent leur retour, la plupart conservés dans des instituts européens.
Les Maoris, comme de nombreuses autres sociétés océaniennes, conservaient religieusement les crânes séchés de leurs ancêtres, coupant également parfois la tête de leurs ennemis prestigieux en guise de trophées. Leur art consommé de la momification et surtout les impressionants tatouages ornant leurs visages avaient suscité un très vif intérêt de la part des explorateurs ayant abordé en Nouvelle-Zélande. Malgré l'interdiction de ce commerce par le gouvernement britannique en 1831, le trafic se poursuivra illégalement bien au-delà de cette date.
Depuis une trentaine d’années, la Nouvelle-Zélande exige le retour sur son sol de ces restes humains. En France, depuis le 4 mai 2010, une loi permet aux têtes de retrouver leur pays d’origine. «Les 20 têtes identifiées en France sont remises à la Nouvelle-Zélande au musée Te Papa, elles ne sont plus désormais des objets de collection mais seront entreposées dans un lieu sacralisé», s’est réjoui à son tour le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand.
Les «toï moko» arriveront au musée Te Papa («notre lieu» en maori) de Wellington le 26 janvier, où une grande cérémonie sera organisée en présence du roi Tuheitia Paki pour célébrer leur retour au pays. Grâce aux archives historiques, l’abondante tradition orale maorie et les experts en tatouages, qui ont chacun leur signification et retracent l’histoire personnelle unique de leur porteur, Te Papa tentera de retrouver la communauté d’origine des ancêtres rapatriés.