Dernier jour de campagne au Sénégal avant la présidentielle de dimanche
Marche "pacifique" de femmes contre la candidature du président sortant Abdoulaye Wade, rassemblements de jeunes opposants dans le centre-ville et derniers meetings des candidats vont clore à Dakar la campagne qui prend fin à minuit. ( © AFP Seyllou)
DAKAR (AFP) - Le Sénégal se prépare vendredi à une nouvelle journée de manifestations et de réunions électorales, au dernier jour de la campagne pour la présidentielle de dimanche, dont la tenue est jugée "impossible" par l'opposition en raison des récentes violences.
Marche "pacifique" de femmes contre la candidature du président sortant Abdoulaye Wade, rassemblements de jeunes opposants dans le centre-ville et derniers meetings des candidats vont clore à Dakar la campagne qui prend fin à minuit.
Mais si la communauté internationale a appelé tous les acteurs à encourager la participation pour un scrutin libre et sans violences, le Mouvement du 23 juin (M23, partis d'opposition et organisations de la société civile), a estimé jeudi que "les dérives d'une gravité extrême" et le "climat d'insécurité générale (...) rendent impossible la tenue d'un scrutin transparent, libre, apaisé".
Le M23 a ainsi dénoncé "la présence d'agents provocateurs" du président Wade, "qui terrorisent manifestants, populations et leaders politiques et de la société civile" et les "graves dysfonctionnements des institutions de régulation" de l'élection, le Conseil constitutionnel et la Commission électorale nationale autonome (Céna).
Le Mouvement n'a cependant pas explicitement appelé à un report du scrutin, cette question faisant encore débat au sein de l'opposition.
Plusieurs candidats, tels que Cheikh Tidiane Gadio, Cheikh Bamba Dièye et Ibrahima Fall, sont ainsi favorables à un report, mais d'autres, également membres du M23, sont déterminés à participer au vote de dimanche.
Macky Sall a invité jeudi lors d'un meeting le M23 à faire confiance au peuple sénégalais pour "battre par les urnes" Abdoulaye Wade.
Répondant à ceux qui menacent d'empêcher le scrutin, Abdoulaye Wade a lancé jeudi, lors d'un meeting à Bambilor près de Dakar, un appel aux jeunes de son parti, leur demandant de veiller à ce que l'opposition ne puisse pas "saboter le scrutin".
"Vous les militants, en particulier les jeunes, protégez mes bulletins parce que ce sont les vôtres. Vous devez refuser qu’on vous les prenne. Et après, restez dans les bureaux de vote jusqu’au dépouillement, pour me téléphoner et me communiquer notre victoire", a-t-il déclaré, sûr de l'emporter dès le premier tour.
Abdoulaye Wade tient vendredi son dernier meeting de campagne à Dakar.
De son côté, l'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, chef des observateurs de l'Union africaine (UA), poursuivait vendredi ses rencontres avec les acteurs politiques du pays.
Il doit aussi s'entretenir avec l'ambssadeur des Etats-Unis, alors que les relations se sont tendues ces dernières semaines entre Dakar d'un côté, Washington et Paris de l'autre, qui ont critiqué la candidature de Wade à un nouveau mandat.
Nouveau signe de ces tensions, les cadres de la coalition présidentielle (Forces alliées pour la victoire) et du Parti démocratique sénégalais (PDS) d'Abdoulaye Wade lui ont demandé de "récuser" du processus d'observation de l'élection les Etats-Unis et la France, dénonçant leur "ingérence" dans les affaires intérieures du Sénégal.
Alors que l'opposition remet en cause la sincérité du scrutin, qui sera surveillé par plusieurs milliers d'observateurs des partis politiques, de la société civile et de la communauté internationale, le chef des observateurs de l'Union européenne, Thijs Berman, a déploré jeudi "un certain manque de transparence" concernant la distribution des cartes d'électeurs.
Le ministre chargé des Elections, Cheikh Guèye, avait auparavant affirmé à la presse à Dakar qu'il restait à distribuer "469.122 cartes", représentant près de 9% des quelque 5,3 millions d'électeurs inscrits (dans le pays et à l'étranger).