samedi 17 mars 2012

Syrie : la Russie critique Assad pour la lenteur des réformes


Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, devant la Douma le 14 mars 2012.

Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, devant la Douma le 14 mars 2012. |AFP/KIRILL

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«Malheureusement, tous nos conseils, et de loin, n'ont pas été suivis d'effet et n'ont pas toujours été mis en pratique en temps voulu, loin de là», a déploré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, lors d'une séance de question à la chambre basse du  (Douma). Le régime de Bachar al-Assad a «introduit de bonnes réformes qui renouvellent le système et l'ouvrent au pluralisme, mais cela est fait avec un gros retard», a poursuivi, critique, Sergueï Lavrov.  La proposition d'entamer un dialogue inter-syrien intervient elle aussi «avec retard», a encore renchéri le ministre russe, observant que cette «inertie» pourrait finir par «engloutir tout le monde».

Ces déclarations interviennent au lendemain de l'annonce par le  syrien de la tenue d'élections législatives le 7 mai, les premières depuis le début de la révolte qui a fait plus de 8 500 morts depuis un an, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Moscou ne défendait «pas le régime syrien mais la justice» dans le pays


La communauté internationale attendait une réponse du président syrien aux «propositions concrètes» faites le week-end dernier par l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan en visite à Damas, notamment un arrêt immédiat des violences, un accès aux organisations humanitaires et l'ouverture d'un dialogue. Ce dernier «a reçu une réponse des autorités syriennes», indique un communiqué des Nations Unies, sans préciser la teneur de cette réponse. «Des questions» demeurent et le communiqué ajoute que «compte tenu de la situation grave et tragique sur le terrain, tout le monde doit comprendre que le temps presse».

Des pays Occidentaux ont appelé la Russie à user de son influence pour tenter de persuader le régime de Bachar al-Assad de mettre fin à la répression. Le chef de la diplomatie russe a insisté sur le fait que la Russie faisait tout ce qu'elle pouvait pour tenter de résoudre le conflit. «La partie dans le conflit sur laquelle nous avons de l'influence est le gouvernement de Bachar al-Assad», a-t-il reconnu, observant que Moscou ne défendait «pas le régime syrien mais la justice» dans le pays.




Moscou opposée à toute ingérence et toute «résolution grossière» de l'ONU

«C'est au peuple de décider qui doit être au pouvoir en Syrie», a-t-il souligné, réaffirmant l'opposition de Moscou à toute ingérence et toute «résolution grossière» de l'ONU «comme ce fut le cas pour la Libye». Membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, la Russie s'était abstenue lors d'un vote sur la Libye en mars 2011 qui a permis les frappes internationales contre les forces de Kadhafi, conduisant à la chute du régime. Mais Moscou a critiqué par la suite l'intervention des avions de l'Otan en Libye, estimant qu'elle sortait du cadre de la résolution.

Depuis, la Russie a bloqué deux résolutions des Occidentaux condamnant la répression et encore rejeté la semaine dernière un nouveau projet américain au Conseil de sécurité. Ce texte exigeait du régime l'arrêt «immédiat» des violences et appelait l'opposition à «s'abstenir de toute violence» au cas où le pouvoir se plierait aux exigences de cette résolution. Moscou insiste pour mettre sur le même plan les violences du régime et de l'opposition armée syrienne, ce que les Occidentaux refusent. Elle veut aussi convaincre la Syrie d'accepter des observateurs internationaux indépendants qui surveilleraient l'arrêt «simultané» des violences des deux côtés. Le ministre des Affaires étrangères a par ailleurs affirmé que les armes que la Russie continue à vendre à la Syrie ne sont pas utilisées contre les civils.


L'Italie ferme son ambassade à Damas et rapatrie du personnel 


Le gouvernement italien a décidé mercredi de fermer son ambassade à Damas pour protester contre les «violences inacceptables» du régime syrien et a rapatrié une partie du personnel de la représentation diplomatique. «Tout en tenant compte également des conditions de sécurité difficiles, nous avons voulu, avec les principaux partenaires de l'Union européenne, réitérer la plus ferme condamnation des violences inacceptables perpétrées par le régime syrien contre ses propres citoyens», a indiqué le ministère des Affaires étrangères

«L'Italie continuera à soutenir le peuple syrien et à oeuvrer pour une solution pacifique de la crise qui puisse garantir ses droits fondamentaux et ses aspirations démocratiques légitimes», selon la même source. L'Espagne, la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont déjà fermé leur représentation diplomatique à Damas.
LeParisien.fr