vendredi 24 février 2012

Les troubles se propagent dans plusieurs villes de la Réunion


Les troubles se propagent dans plusieurs villes de la Réunion

Dans la nuit du 23 au 24 février 2012 dans le quartier du Chaudron à Saint-Denis à la Réunion.
Dans la nuit du 23 au 24 février 2012 dans le quartier du Chaudron à Saint-Denis à la Réunion. (Photo Richard Bouhet. AFP)

Une réunion sur la vie chère doit se tenir ce vendredi. Le conseil général propose de financer un «tarif social» de l'eau, de l'électricité, de la téléphonie et d'Internet, ainsi qu'un gel des loyers par les bailleurs sociaux.

Les violences se sont aggravées dans la nuit de jeudi à vendredi à la Réunion, touchant la moitié des communes de l'île. Neuf policiers et un gendarme ont été blessés et 76 interpellations ont été effectuées.
Revoyant son bilan de la nuit à la hausse, la préfecture a ajouté qu'une vingtaine de commerces ou bâtiments publics avaient été dégradés, dont deux pharmacies pillées. Pour le directeur de cabinet du préfet, Benoît Huber, «il y a eu moins de casseurs, mais une radicalisation des violences», alors que doit se tenir ce vendredi une réunion cruciale sur la vie chère.
Cantonnées au quartier du Chaudron et à la ville du Port ce mardi, avant de s'étendre à la commune de Saint-Benoît mercredi, les violences se sont propagées dans une dizaine de villes dans la nuit de jeudi à vendredi, où elles se sont toutefois limitées à des heurts sporadiques avec les forces de l'ordre et des barrages routiers constitués de poubelles enflammées mais sans causer de dégradations majeures, selon la préfecture.
180 sorties de pompiers ont été comptabilisées par le Service départemental d'incendie et de secours dans la nuit.
Le fait le plus marquant a été l'incendie au Port (ouest de l'île) d'un salon de beauté situé au pied d'un immeuble de trois étages. Deux enfants incommodés par les fumées ont dû être hospitalisés.
A Saint-Benoît (est de l'île), un gendarme a été «sérieusement blessé»par un cocktail molotov qu'il a reçu au visage, a indiqué Benoît Huber, directeur de cabinet du préfet.
Partout le même scénario s'est produit durant la nuit : des groupes de 50 à 100 jeunes investissent le centre-ville, dégradent du mobilier urbain, enflamment des poubelles, provoquant l'intervention des forces de l'ordre qu'ils affrontent par des jets de pierres avant d'être dispersés par les grenades lacrymogènes.
Pour la seule commune de Saint-Louis (sud de l'île), 26 jeunes ont été interpellés dans la nuit, la grande majorité d'entre eux ayant à peine 16 ans, selon la préfecture.
Dans le quartier du Chaudron à Saint-Denis, investi en force par les policiers du GIPN et de la Compagnie départementale d'intervention - plus de 150 hommes engagés, selon un officier -, les violences se sont poursuivies pour la troisième nuit consécutive. Les policiers ont essuyé une pluie de cocktails molotov de la part d'une centaine de jeunes mais, pour la première fois depuis mardi, aucun commerce ou bâtiment public n'a fait l'objet de pillages ou de dégradations importantes, a relevé Benoît Huber.
Selon ce dernier, la fermeté des condamnations prononcées jeudi après-midi par la justice pourrait l'expliquer. Quatre jeunes, arrêtés lors des pillages, ont écopé de peines allant de six mois à deux ans de prison ferme, assortis d'un mandat de dépôt à l'audience. Deux autres ont été maintenus en détention provisoire en attendant leur comparution.
Pour la journée de vendredi, les Réunionnais ont le regard tourné vers la préfecture où une table ronde sur la vie chère doit réunir autour du préfet, Michel Lalande, les présidents des assemblées locales, des chambres consulaires, les représentants des associations de consommateurs, des compagnies pétrolières et des professionnels de la route dont la manifestation mardi, au Port, a mis le feu aux poudres.
Le président de la région, Didier Robert, a laissé entrevoir jeudi une baisse du prix de l'essence de 5 centimes, la présidente du conseil général, Nassimah Dindar, proposant de financer un «tarif social» de l'eau, de l'électricité, de la téléphonie et d'internet, assortis d'un gel des loyers par les bailleurs sociaux.
Les partis de gauche continuent, pour leur part, à réclamer une aide exceptionnelle de l'Etat, le PCR revendiquant une «prime de vie chère de 200 euros mensuels» provisoire, et le PS un «panier de la ménagère au prix métropole».