jeudi 2 août 2012

Dans la province musulmane du Xinjiang, les autorités chinoises répriment la pratique du ramadan


Kashgar, octobre 2007. Fabrication d'un couteau dans la fabrique Yengisar appartenant aux musulmans ouïghours.
Kashgar, octobre 2007. Fabrication d'un couteau dans la fabrique Yengisar appartenant aux musulmans ouïghours.
Jeff Hutchens/Getty Images


Quand Pékin s’attaque au ramadan. La Chine tente de restreindre son observance au Xinjiang, cette région du Nord-Ouest qui compte huit millions et demi de Ouïghours, une ethnie musulmane. Selon les instructions publiées sur des sites gouvernementaux, les responsables locaux, les fonctionnaires et les jeunes scolarisés ne doivent pas participer aux activités religieuses du mois sacré. D’autres consignes visent même à inciter les musulmans à rompre le jeûne. Le gouvernement chinois, qui a décidé de mieux encadrer les pratiques de l’islam, poursuit sa politique d’assimilation.


Sur la pratique du ramadan, les instructions données par la ville de Zonglang, dans le district de Kashgar, sont strictes : « Il est interdit aux cadres du Parti communiste, aux fonctionnaires, ainsi qu’aux élèves scolarisés de participer aux activités religieuses. » En clair : ni jeûne, ni prière.
A 600 km de là, le comté de Wensu demande aux écoles de s’assurer que personne ne fréquente la mosquée durant cette période. Les responsables locaux ont même reçu des conseils : « Pourquoi ne pas offrir de la nourriture aux chefs de villages, pour s’assurer qu’ils s’alimentent ? »
Cette pression existe aussi dans le secteur privé. Les salariés musulmans observant le ramadan ont vu des promotions leur échapper. Certains ont été renvoyés.
Pour le Congrès mondial ouïghour, exilé en Allemagne, ces entraves ne font qu’aggraver l’opposition à la tutelle chinoise. Elles font aussi écho au rapport du département d’Etat américain, qui évoquait cette semaine une nette dégradation des libertés religieuses en Chine. Ces critiques sont « infondées », a réagi l’agence de presse officielle Chine nouvelle.