jeudi 2 août 2012

Afrique : un nouveau drame de migrants clandestins


L'île de Lampedusa est un point d'entrée privilégié pour les immigrants clandestins en provenance des côtes africaines.
L'île de Lampedusa est un point d'entrée privilégié pour les immigrants clandestins en provenance des côtes africaines.
(Photo : AFP)


Plus de cinquante migrants africains sont morts en mer Méditerranée en tentant de rejoindre l’Italie depuis la Libye. Après quinze jours de dérive, une seule personne a survécu. L’ONU s’interroge sur l’absence de secours lors de la traversée. Depuis le début de cette année, quelque 170 personnes sont mortes en empruntant le même trajet.

Cinquante-cinq migrants, essentiellement des Erythréens mais aussi des Somaliens, sont morts de faim, de soif et de fatigue en pleine Méditerranée. Tous se trouvaient à bord d’un canot gonflable, sans eau et sans nourriture. Lorsque le bateau avait presque atteint la côte italienne, des vents violents l’ont éloigné et, progressivement, le bateau s’est dégonflé. Le calvaire a duré quinze jours.
Abbès Settou, un Erythréen âgé de 25 ans, est le seul survivant de cette tragédie. Il a été retrouvé et secouru par des pêcheurs tunisiens en état de déshydratation avancée, accroché à la carcasse du bateau et à un jerrycan. Les pêcheurs tunisiens l’ont ensuite remis aux garde-côtes qui l’ont hospitalisé à Zarzis, dans le sud-est de la Tunisie.
C’est lui qui a raconté cette tragédie à des membres de l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) qui étaient sur place. Le HCR, citant ce survivant, a également précisé qu’à son arrivée, il ne savait pas « s’il était en vie ou si c’était un rêve », selon ses propres mots. Trois membres de sa famille figurent parmi les disparus.
Absence de secours et toujours autant de migrants
Laura Boldrini, porte-parole de L’ONU, au micro de RFI, s’est interrogée sur l’étrange absence de secours. Elle dit notamment que « ce n’est pas possible que ces personnes n’aient pas été vues pendant quinze jours, alors que dans une mer comme la Méditerranée il y a énormément de bateaux commerciaux et de chalutiers». Et elle évoque des faits qui pourraient provoquer les réticences de certains responsables de bateaux à ne pas secourir les migrants clandestins. « Il y a d’abord le fait qu’aucun pays ne veuille les accueillir et ensuite des antécédents judiciaires, à savoir que les secouristes en question peuvent être poursuivis », a-t-elle souligné.
Selon le HCR, depuis le début de cette année, 170 personnes ont déjà trouvé la mort ou sont portées disparues en essayant de rejoindre l’Europe. Plus de 1 300 migrants ont quitté la Libye dans des embarcations de fortune pour l’Italie et un millier pour Malte.
Joint par RFI, William Spindler, porte-parole du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés, à Paris, précise que pendant le conflit en Libye et en Tunisie, le nombre de personnes essayant de gagner l’Italie avait augmenté. Depuis, leur nombre est resté le même qu’avant le « Printemps arabe », à savoir des dizaines de milliers de personnes qui, chaque année, essaient cette dangereuse traversée.