mercredi 25 janvier 2012

Free Mobile a-t-il triché sur son réseau ?


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Le nouvel opérateur est accusé d'avoir gonflé temporairement son réseau pour satisfaire l'Arcep. Et d'être aujourd'hui hors la loi.

Xavier Niel, patron d'Iliad, la maison-mère de Free.
Xavier Niel, patron d'Iliad, la maison-mère de Free. © Christophe Morin / Maxppp
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Free Mobile a-t-il volontairement berné l'Arcep, le gendarme des télécoms, pour obtenir l'autorisation de se lancer sur le marché ? C'est la question que posent les syndicats CFE-CGC & Unsa Télécoms, qui rassemblent des employés d'Orange, SFR et Bouygues. "Tout porte à croire que, depuis le lancement de ses services, Free Mobile a dégradé la couverture de son réseau qui (...) n'est en réalité pas dimensionné pour faire face à une utilisation en phase commerciale", expliquent les syndicats dans un communiqué
"Il semblerait que Free Mobile ait paramétré ou éteint ses équipements dès le lancement commercial de ses offres (donc postérieurement aux mesures effectuées par l'Arcep) pour basculer les appels de ses abonnés sur le réseau de son opérateur hôte (Orange) de façon à pouvoir faire face à la montée en charge de ses services", poursuit le texte. Une astuce qui, si elle était confirmée, serait "contraire aux obligations règlementaires".

Menace sur Free

Le problème est que l'Arcep a fixé une obligation de couverture minimale à Free pour éviter que son partenaire (à contre-coeur), Orange, ne soit surchargé. "Free Mobile ne peut prétendre à un droit à l'itinérance (...) que si et seulement si elle satisfait à son obligation de couverture", poursuivent les syndicats, qui appellent l'Arcep à "ouvrir une procédure dans les meilleurs délais" et à supprimer, le cas échéant, le droit d'itinérance sur le réseau d'Orange. 
Les conséquences d'une telle mesure seraient catastrophiques pour Free Mobile, qui se trouverait du jour au lendemain avec une couverture parcellaire de la France, limitée à son propre réseau dans les grandes villes. Les abonnés apprécieraient sans doute moyennement un service aussi dégradé... C'est pourquoi il est probable que Free réactive tous ses équipements, s'il les avait un jour désactivés comme le soupçonnent les syndicats, afin de satisfaire à nouveau aux obligations fixées par l'Arcep.

Xavier Niel se défend

Xavier Niel, qui était auditionné mercredi par la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, en a profité pour se défendre. "Tous les moyens sont bons pour discréditer le petit nouveau", a-t-il déploré, avant de rappeler que son intérêt est d'ajouter au plus vite des antennes-relais afin de "gagner de l'argent", sans passer par Orange. Et d'affirmer à nouveau que le déploiement de son réseau, qui doit couvrir 90 % de la population en 2018, sera "très en avance" sur le calendrier.
Ce n'est pas le premier "bug" autour du lancement de Free Mobile. Le site du nouvel opérateur avait été surchargé et mis hors-ligne plusieurs heures après l'annonce des forfaits à prix cassés. Puis, les services d'information et d'abonnement avaient eux aussi peiné à suivre la cadence, et les cartes SIM étaient arrivées très en retard chez les nouveaux clients. Certains abonnés souffrent ainsi d'un "vide" entre leurs deux abonnements, les délais de coupure de ligne chez la concurrence étant parfois inhabituellement courts... Xavier Niel a au moins raison sur un point : dans cette guerre du mobile qui se profile, tous les coups sont permis.
Retrouvez notre dossier spécial Free Mobile.