samedi 4 août 2012

Syrie : Bataille cruciale à Alep pour le régime L’aviation de Bachar entre en action contre l’ALS


C’est une bataille « cruciale » pour l’avenir de la Syrie. Bachar el-Assad le reconnaît, le résultat des affrontements d’Alep entre son armée et les combattants rebelles pourrait dicter l’issue du conflit qui embrase le pays depuis un an et demi. Chaque jour, les combats y sont plus violents, et le régime a recours à son aviation de chasse, affirme l’ONU. Sur le terrain, il est bien difficile de connaître précisément le déroulement des évènements. Les insurgés, qui contrôlent une partie de la ville, disent viser le siège des services de renseignement. Plusieurs chefs de l’Armée syrienne libre (ASL) souhaitent que la communauté internationale mette en place une zone d’exclusion aérienne.

Les rebelles syriens ont bombardé jeudi un aéroport militaire près d’Alep, théâtre d’une bataille cruciale entre insurgés et forces du régime, au lendemain d’un raid sanglant contre une localité près de Damas accompagné d’exécutions et d’actes de torture.
Alors que la communauté internationale, profondément divisée, demeure incapable de trouver un moyen pour faire cesser les violences, des chaînes de télévision américaines ont rapporté que le président américain Barack Obama avait signé un document secret autorisant l’aide américaine aux rebelles.
Des représentants de la Maison Blanche ont refusé de commenter ces informations mais n’ont pas explicitement exclu l’idée que Washington apportait plus de soutien en termes de renseignement aux forces anti-Assad qu’il avait été précédemment admis officiellement.
Après que l’armée eut repris le dessus sur les insurgés à Damas au terme d’affrontements inédits à la mi-juillet, les rebelles concentrent leurs efforts sur la deuxième ville du pays, dont ils disent désormais contrôler «50%» ainsi que la quasi totalité de cette province du nord du pays.
Ils ont bombardé jeudi matin l’aéroport militaire de Menagh, à 30 km au nord-ouest d’Alep, d’où décollent les hélicoptères et les avions qui mènent des raids sur la ville, ont indiqué des sources concordantes.
«L’aéoport militaire de Menagh a été bombardé jeudi matin par un char capturé par les rebelles dans des opérations précédentes», a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG basée en Grande-Bretagne.
Un journaliste de l’AFP a entendu le bruit de bombardements et vu des tirs provenant de cette direction. Des rebelles lui ont affirmé qu’il s’agissait «d’une attaque pour prendre cet aéroport d’où partent les hélicoptères et les avions qui tirent sur Alep».
Le porte-parole des Nations unies Martin Nesirky a affirmé mercredi que, selon la mission de l’ONU en Syrie, les rebelles étaient en possession d’armes lourdes, dont des chars, à Alep, où de farouches combats ont lieu depuis le 20 juillet entre forces gouvernementales et insurgés.
Les observateurs ont également affirmé que les troupes régulières avaient eu recours à des avions de chasse pour tirer sur la ville.
Après la prise symbolique mardi de trois commissariats à Alep, les rebelles ont affirmé leur détermination à s’emparer des sièges des services de renseignements.
«Si ces sites tombent, la victoire sera possible», a affirmé le général Abdel Nasser Ferzat, un commandant de l’Armée syrienne libre (ASL), composée de déserteurs et de civils qui ont pris les armes.
De violents combats ont opposé mercredi des membres du clan pro-gouvernemental des Berri aux rebelles dans le quartier Bab Nairab, dans l’est d’Alep, au lendemain de l’exécution d’un chef des Berri, Zeino Berri, par l’ASL.

Exécutions et torture
à Jdeidet Artouz

Les opérations militaires contre les rebelles se poursuivent en outre dans le reste du pays où 163 personnes ont péri mercredi dans les violences, dont 98 civils, 20 rebelles et 45 soldats, selon l’OSDH.
A Jdeidet Artouz, une localité au sud-ouest de Damas, un raid des forces de sécurité a fait 43 morts.
Les forces du régime ont pénétré à Jdeidet Artouz, ont «arrêté une centaine de jeunes et les ont enfermés dans une école où ils ont été torturés», selon l’ONG.
«Jeudi matin, après l’opération, les corps de 43 personnes ont été retrouvés. Certaines ont été victimes d’exécutions sommaires», a précisé l’OSDH.
Alors que les violences ont fait plus de 20.000 morts depuis mars 2011, selon l’OSDH et que les combats sont chaque jour plus violents, le président Bachar al-Assad a affirmé mercredi que ses troupes livraient une bataille «cruciale» dont dépendait le destin du peuple syrien.
Même si sur le terrain les insurgés ont marqué des points avec la prise des commissariats à Alep, de nouvelles divisions sont apparues au grand jour entre le commandement des rebelles en exil et celui de l’intérieur.
Le chef officiel de l’ASL, le colonel Riad Assaad, basé en Turquie, a accusé le commandement rebelle de l’intérieur d’être «engagé avec fièvre dans la course à des postes» de pouvoir.
Les rebelles de l’intérieur, qui s’estiment les mieux placés pour gérer l’après Assad, avaient appelé cette semaine à la formation d’un conseil présidentiel en vue de diriger une éventuelle transition.

Vers un drame humanitaire

Trois millions de Syriens ont un besoin urgent de nourriture et d’aide pour les cultures de céréales et le bétail, a annoncé jeudi l’Organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui se fonde sur une étude réalisée par l’ONU et le régime syrien.
Sur ces trois millions de personnes, la moitié nécessite une aide alimentaire immédiate et urgente au cours des trois à six prochains mois, notamment dans les zones qui sont le théâtre d’âpres conflits et de déplacements de population, selon la FAO.
Près d’un million de personnes ont besoin d’assistance pour les cultures, le fourrage, les combustibles et la réparation des pompes d’irrigation.
Au cours des douze prochains mois, la FAO estime en outre qu’il faudra renforcer l’aide alimentaire et l’assistance aux moyens d’existence, car l’organisation s’attend à ce que le nombre de personnes ayant besoin d’aide alimentaire atteigne les trois millions.
Ces chiffres sont tirés des résultats d’une mission d’évaluation des besoins en matière de sécurité alimentaire effectuée en juin par la FAO, le Programme alimentaire mondial (PAM) et le ministère syrien de l’Agriculture et de la réforme agraire.
Le rapport final indique que le secteur agricole syrien a perdu cette année au total 1,8 milliard de dollars (1,46 milliard d’euros) du fait de la crise que traverse actuellement le pays.
Ce bilan inclut les pertes et dégâts occasionnés aux cultures, au bétail et aux systèmes d’irrigation. Des cultures stratégiques comme le blé et l’orge ont été sévèrement touchées, ainsi que les cerisiers, les oliviers et la production horticole.
«Bien que les implications économiques de ces pertes soient graves, ce sont les implications humanitaires qui représentent une urgence bien plus pressante», souligne le représentant du PAM en Syrie, Mohamed Hadi, cité par le communiqué.
«Les effets de ces pertes importantes sont en premier lieu et plus cruellement ressentis par les Syriens les plus pauvres. La plupart des familles vulnérables auprès desquelles s’est rendue la mission ont fait état d’une augmentation des dépenses et d’une diminution des revenus, ce qui rend leur vie plus difficile de jour en jour», ajoute-t-il.
Le PAM, dès octobre 2011, a lancé une opération d’urgence en Syrie pour couvrir les besoins alimentaires des personnes vulnérables affectées par les événements. Ses opérations ont couvert 540.000 personnes en juillet et devraient couvrir 850.000 personnes en août.
Le PAM projette d’élargir ses opérations en fonction des possibilités d’accès aux zones affectées par la crise, mais il a besoin de quelque 62 millions de dollars (50 millions d’euros) pour boucler son budget d’aide à la Syrie, qui atteint 103 millions de dollars (84 millions d’euros).
De son côté, la FAO a depuis décembre 2011 aidé 9.052 familles rurales et petits gardiens de troupeaux, soit quelque 82.000 personnes.
La FAO estime qu’environ 38 millions de dollars (31 millions d’euros) sont requis dans l’immédiat pour aider au cours des six prochains mois 112.500 familles rurales, soit 900.000 personnes (pour les semis de céréales en automne et le maintien en vie des troupeaux).6666