samedi 4 août 2012

La Maison Blanche rend Moscou et Pékin responsables de l’échec de Kofi Annan


Le médiateur de l’ONU et de la Ligue arabe en Syrie, après cinq mois d’efforts infructueux, fustige le manque de soutien des grandes puissances à sa mission.
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Kofi Annan a démissionné jeudi de son poste de médiateur de l’ONU et de la Ligue arabe en Syrie après cinq mois d’efforts infructueux, fustigeant le manque de soutien des grandes puissances à sa mission. «J’ai fait de mon mieux», a déclaré M. Annan à la presse à Genève, mais «la militarisation croissante sur le terrain et le manque évident d’unité au sein du Conseil de sécurité ont fondamentalement changé les circonstances pour l’exercice effectif de mon rôle». «Je n’ai pas reçu tous les soutiens que la cause méritait», a-t-il poursuivi.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a jusqu’à présent échoué à faire pression sur les protagonistes du conflit syrien, et en premier lieu sur Damas, à cause de l’obstruction systématique de Moscou et de Pékin, qui ont mis leur veto à trois reprises à des projets de résolutions occidentaux au Conseil depuis le début de la crise en mars 2011.
La Maison Blanche a rendu Moscou et Pékin responsables de l’échec de M. Annan, jugeant les vetos russo-chinois «hautement regrettables».
Damas a de son côté accusé les «États qui cherchent à déstabiliser la Syrie» d’avoir «entravé» la mission Annan.
Pour sa part, «l’Assemblée générale de l’ONU doit voter vendredi sur une résolution présentée par le groupe des pays arabes qui dénonce le bombardement des villes rebelles par l’armée syrienne et réclame une transition politique en Syrie.» Cette initiative a une portée essentiellement symbolique puisque l’Assemblée ne peut émettre que des recommandations, contrairement au Conseil de sécurité.
Sur le terrain et selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH),  «de violents combats faisaient rage vendredi entre soldats du régime et rebelles à Damas, tandis qu’à Alep, deuxième ville syrienne et enjeu crucial du conflit, le bastion insurgé de Salaheddine était bombardé.»
À Damas, les combats se déroulaient dans le quartier de Tadamoun, dans le sud, voisin du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk où 21 civils, dont au moins deux enfants, ont été tués jeudi par des tirs de mortier, selon l’OSDH qui a fait état de 179 morts, dont 110 civils, à travers le pays pour la seule journée de jeudi.
«Plusieurs militants affirment que les réfugiés palestiniens ont pris les armes aux côtés des rebelles contre le régime de Bachar al-Assad.»

Actes répréhensibles
Quant au commandement rebelle à l’intérieur de la Syrie, «il a condamné vendredi les exécutions sommaires inacceptables de partisans du régime dans la ville d’Alep (nord), rejetant toute responsabilité dans cette affaire.»
Le 31 juillet, des rebelles ont exécuté des partisans du régime à Alep, en proie à de violents combats pour le contrôle de cette ville stratégique sise à 355 km au nord de Damas, selon des vidéos diffusées par des militants.
«Ces actes répréhensibles ne relèvent pas de l’éthique de l’ASL ou de la révolution syrienne. Nous respectons les lois et les conventions internationales, notamment la convention de Genève portant sur les prisonniers», a affirmé l’ASL en appelant à une enquête sur ces exécutions sommaires.
Une vidéo diffusée par des militants montre des prisonniers conduits sur une place où crient des hommes armés : «l’ASL pour toujours»! Les rebelles entourent l’un des captifs, au visage ensanglanté, et le mettent face à un mur où sont alignés d’autres prisonniers.
Les combattants scandent «Dieu est le plus Grand» puis ouvrent le feu sur les prisonniers, identifiés comme étant des membres de la tribu «Berri», qui participaient aux combats aux côtés des forces du régime de Bachar al-Assad à Alep.
Plus de 20 000 personnes ont été tuées en Syrie depuis le début de la révolte contre le régime en mars 2011, selon l’OSDH.6