samedi 11 juin 2011

Crash du Rio-Paris : hypothèse inédite et gênante pour Airbus


La marine brésilienne récupère un débris du vol AF447, à 1 200 km au nord-est de Recife (Reuters)
Télécharger l'assignation en référé d'Air France, Axa et Airbus par cinq familles de victimes du vol 447 Air France.Par l'intermédiaire d'avocats français et brésiliens, cinq familles de victimes du vol 447 Air France, dont le crash a fait 228 morts le 1er juin 2009, assignent en référé la compagnie aérienne, l'avionneur Airbus et l'assureur Axa devant le tribunal de grande instance de Toulouse, avant de lancer une procédure au Brésil. (Télécharger l'assignation en référé)
Elles s'appuient sur une nouvelle expertise, selon laquelle une faiblesse dans la conception de l'avion aurait provoqué une dépressurisation de l'Airbus A330-200.
Déjà reportée à la demande d'Airbus, l'audience en France devrait finalement se tenir le 9 juin. Pour obtenir réparation, ces familles et leurs avocats développent une hypothèse inédite sur les causes du crash, survenu en pleine nuit au milieu de l'Atlantique.
Cette hypothèse, confirmée par de nombreux éléments déjà connus, s'appuie sur un rapport effectué par le cabinet d'experts espagnol Air Safety Investigation Consulting (Asic). Asic a été missionné par l'un des avocats des familles de victimes, Me Richard Martin-Chico, qui travaille sur des dossiers de crashs aériens (impliquant Airbus comme Boeing) depuis une vingtaine d'années (Mont Saint-OdileCharm el-Cheikh…).
L'avocat est l'oncle d'un des experts d'Asic.

Ce scénario incrimine principalement Airbus

Ce nouveau scénario reprend des causes déjà avancées, comme ledysfonctionnement des sondes Pitot et la confusion générée dans le cockpit par les très nombreuses alarmes déclenchées en chaîne pendant les quelque quarante minutes ayant précédé le crash.
En revanche, il bat en brèche les dernières « révélations » de la presse française, américaine ou allemande à l'approche d'une communication du Bureau enquêtes et analyses (BEA), vendredi 27 mai, sur les premiers éléments tirés des boîtes noires. Ces articles tendent à mettre Airbus hors de cause et pointent une erreur des pilotes et/ou d'Air France.
Selon cette nouvelle thèse, Air France serait automatiquement responsable, en droit, en vertu de la convention de Montréal. Airbus, lui, serait « objectivement » responsable, en tant que constructeur de l'objet, l'avion.

Parmi les derniers messages, une forte variation de pression

Voici, en résumé, le scénario établi par Asic. L'hypothèse prend sa source dans une partie des messages Acars envoyés automatiquement par l'avion à Air France, et quel'on peut consulter intégralement sur le site Eurocockpit.
Parmi les 24 messages envoyés pendant les quatre minutes précédant la disparition de l'avion, plusieurs accréditent la thèse d'une dépressurisation, et donnent des indications sur ses causes éventuelles.
  • A 2h10, « la limitation de débattement de la gouverne de direction (rudder) est perdue ». La gouverne de direction est la partie mobile fixée à l'arrière de la dérive, le tout constituant l'empennage de l'avion. Selon cette hypothèse inédite, le « rudder » a donc pu se déployer en opposition au vent, ce qui a provoqué l'arrachage de l'empennage (qui a été repêché) ;
  • à 2h14, « variation de l'altitude de la cabine supérieure à 1 800 pieds/minute ».

Les passagers morts en l'air, en moins de six minutes

Me Richard Martin-Chico détaille ce qu'il suppose être l'enchaînement :
« Lorsque l'empennage a été arraché, cela a fait un trou dans la cabine, par lequel l'air pressurisé de la cabine s'est échappé. Dès qu'il y a une fuite, elle a tendance à s'agrandir sous la pression de l'air comprimé.
L'égalisation entre la pression extérieure, largement inférieure, et la pression intérieure se fait donc rapidement. Cela signifie que l'air qui est à l'intérieur s'en va.
En six minutes environ, tout le monde meurt. La pression à l'extérieur étant trop faible, une partie de l'avion a explosé. »
Le fait que le message de variation de l'altitude soit l'un des derniers accrédite aussi la thèse de l'explosion.

La possibilité de l'explosion avait été évoquée juste après le crash

L'avocat n'admet pas les conclusions du BEA, organisme dépendant du ministère de la Défense, et dont la nouvelle hypothèse critique la partialité :
« Le BEA dit qu'il n'y a pas eu de dépressurisation car les masques à oxygène ne sont pas sortis. Or, on a retrouvé des masques intacts et déployés.
D'autres éléments de l'accident, comme la dispersion importante des corps des victimes et des débris, la petite taille d'une partie des débris, ainsi que le décès de certaine ... lire la suite d'article : 
http://www.rue89.com/confidentiels/2011/05/26/crash-du-rio-paris-hypothese-inedite-et-genante-pour-airbus-206067